La seule chose qui semble avoir changée, c'est la rapidité à laquelle les mots d'ordre, les rumeurs, les modes, les goûts, les phobies, les lubies se propagent. Depuis que les entrepreneurs ont compris, avec un peut de retard, l'intérêt qu'ils avaient à séduire les consommateurs grâces au réseaux sociaux, le phénomène n'a fait que s'amplifier, avec le résultat inverse que les doux rêveurs espéraient : sur la Toile tout est à vendre et à acheter. Nombreux sont ceux qui cherchent par l'entremise du Web à arrondir leur fin de mois, sinon à faire les meilleurs achats possibles avec les ventes de bloggers à bloggers, un peu comme à la belle époque de la vente de particuliers à particuliers.
Par exemple, de petits malins espèrent faire du blé en fondant de pseudo-maisons d'édition dans le but de vendre de la kleenexkulture sous forme de nouvelles, de roman, de BD, tout en ayant, au préalable, fait appel à votre bon coeur PayPalisé, histoire d'avoir de quoi s'acheter une imprimante, de l'encre et quelques rouleaux de papier - à moins qu'ils ne se tirent avec la caisse avant même d'avoir investi un radis dans quoi que ce soit. Ces branleurs, qui flairent facilement le gogo, font miroiter l'honorifique titre d'Auteur à de vulgaires pisse-billets. A ce sujet, les résumés de bouquins que les arnaqueurs du Web promettent de publier sont tout à fait édifiants. Mais, il est bien possible que je me trompe, et, que ces entreprises d'édition n'arnaques pas leurs gentils donnateurs et deviennent un jour florissantes. Ce qui serait une véritable catastrophe.
Une catastrophe culturelle de plus, parce que les meilleurs écrivains ne sont pratiquement pas lus car ils sont déjà noyés sous le flots des éditions ayant pignon sur rue qui balancent en librairies des monceaux de bouquins illisibles. La majeure partie de se bouquin sont produits par des auteurs passant le plus clair de leur temps sur les plateaux de télévision quand ils ne font pas d'interminables tournées promotionnelles de FNAC en Virgin Megastore.
Je ne suis pas contre les entreprises d'édition en ligne, bien au contraire : il en existent quelques unes que l'ont pourrait qualifier d'honorables maisons. Pourtant, dans mon esprit, on ne devient éditeur que si l'on a acquis une solide culture dans un domaine littéraire, artistique, scientifique quelconque. On peut seulement alors se permettre de trier, parmi les manuscrits proposés, le bon grain de ivraie, mais aussi conseiller à bon escient l'auteur qui sera publié. Le problème ici, c'est que ces futurs ou éditeurs débutants donnent à deviner par le biais de leurs propres blogs, le niveau de leur culture personnelle : un niveau intellectuel affligeant qui me fait même douter du leurs capacités commerciales, ce qui m'incite à penser à une vulgaire tentative d'arnaque.
L'année passée nous avons eu le droit sur la franco-bloggosphere au déferlement de la vague des journalistes auto-proclamés - cf. Agoravox, dont on entend déjà plus parler - et il semblerait que se soulève maintenant une lame de fond porteuse d'écrivains, nouvellistes, romanciers tout aussi cultivés et intéressants que les précédants pseudo-journalistes.
Vive la culture Web, avec toute ma compassion pour les malheureux qui pensent que la siliconnerie de Webnise vaut de l'or et qu'ils vont intellectuellement s'enrichir !
Celui qui se tue pour échapper à sa gloire