Cet endroit, elle l’a déniché en amont du campement établi sur la rivière depuis la dernière lune. Progression lente dans l’entrelacs des écorces, à revers du torrent. Et puis, du bord où le soleil se couche, la vasque naturelle sous les aulnes — il faut la connaître pour la trouver.
Toujours une odeur de cervidé.
La frondaison d’un arbre tombé en travers protège des remous. Et là, elle s’accroupit, se penche vers l’eau, grimace. Dans le miroir d’argent, se dessine le contour tremblant de sa tête, sa bouche ouverte pareille à celle du poisson. Ni algue ni écume. L’eau coule depuis les branches, droit sous le pan de ciel, elle a la couleur de mercure.
Mawh chef du clan ignore où Zoa se trouve. Mawh porte un arc à l’épaule, carquois dans son dos. Hier il a guilloché ses pointes de flèches et a composé pour Zoa un collier en plumes de rapace.
Françoise Renaud © - 2 mars 2009
Photo de Barbara Heide