Dans la presse déchaînée …

Publié le 31 octobre 2009 par H16

Et pendant que Derrick menait l’enquête, ça continuait à se débiner de tous les côtés…

Une des forces de l’internet, c’est d’avoir une mémoire quasi indélébile. Le réseau des réseau permet de se rappeler de (presque) tout, moyennant quelques mots clefs et un peu de méthode.

Une autre force de l’internet, c’est de mettre à disposition de tous des informations qui auparavant étaient pénibles à rassembler et difficiles à diffuser.

Et pour les hommes politiques, ces deux aspects sont particulièrement gênants.

Prenez le dernier rapport de la Cour des Comptes : il n’aura pas fallu longtemps pour que les petites lignes et les dépenses consternantes de la présidence françaises soient exhumées, mises à l’index, divulguées et largement commentées.

A présent, l’information est connue du reste de la planète et il sera bien difficile au gouvernement et à la présidence de faire oublier les frais indécents que les agitations cosmétiques des gens de pouvoirs entraînent pour le contribuable…

De la même façon, peu de temps se sera écoulé entre le moment où Sarkozy aura prononcé un discours devant des agriculteurs de Poligny, et le moment où tout le monde se sera rendu compte que ce discours était un honteux copier-coller d’un autre discours du 19 février dernier.

A noter, dans ce billet de Véronis, qu’une question demeure : Sarkozy lit-il les discours avant de les prononcer ? Et, plus à propos encore, mesure-t-il la distance (parfois astronomique) qu’il y a entre ce qu’il dit et ce que l’actualité permet de comprendre ? Ainsi, on est en droit de se demander s’il comprenait ce qu’il balançait comme énormités lorsqu’il parlait, devant des lycéens, de mérite, alors qu’autour de lui bruissaient dans les médias des accusations de népotisme pour son propre fils.

On comprend dès lors l’agacement compulsif, voire la rage, qui s’empare des politiciens concernant les médias et internet tout particulièrement en ce qu’ils ne peuvent pas vraiment le contrôler.

La récente prise de participation de l’Etat dans Dailymotion représente peut-être une de ces tentatives discrètes de prise de contrôle, et expliquera peut-être pourquoi, concernant la similarité de discours des 19 février et 28 octobre, les extraits du Petit Journal de C+ ont tous disparu rapidement. Il restera les billets qui laisseront une trace marquante de cet exploit…

Ce constat de mémoire permet donc un certain optimisme puisqu’il donne des armes nouvelles pour le citoyen; et dans la bataille incessante que ce dernier doit livrer contre des politiciens qui ne l’ont pas attendu pour utiliser toutes les techniques de manipulation et de propagande pour arriver à leurs fins, il était temps que la balance penche enfin un peu de l’autre côté…

Cependant, le tableau n’est pas tout blanc non plus côté médias.

Je l’ai déjà noté à plusieurs reprises, mais la presse fait régulièrement preuve d’un sens … disons alternatif des priorités, et se situe souvent à l’avant-garde dans les essais de novlangue ou la présentation pour le moins orientée de certaines actualités.

Je prendrai pour exemple le petit article ici, qui mérite un petit …

Dans ce dernier, on découvre qu’un salarié, mécontent de son emploi, a dégommé son patron et le fils de celui-ci. Quelques phrases sont assez symptomatiques :

Tous les différents professionnels ne se règlent pas à 7 heures du matin et à coups de fusil de chasse.

Encore heureux. Cependant, on sent presque une pointe de nostalgie dans la tournure de l’évidence ainsi posée. Zut, les salariés ne rentrent pas dans le lard de leurs (systématiquement) méchants patrons. Voilà qui est casse-pieds, quand on y pense… Non ?

Et la raison du différent entre le gentil salarié et le méchant patron ?

Eric rêvait comme les autres de devenir chauffeur de bus chez Tisséo. Quand, la semaine dernière, le transporteur public l’a appelé pour lui signaler que sa candidature était retenue, Eric s’est précipité chez son patron pour lui signaler son départ. Lequel patron a refusé de le voir partir au motif qu’il devait encore travailler le temps du préavis légal.

Ah, tout de suite, on comprend mieux : en France, un contrat, ça ne vaut rien, et de toute façon, une bonne giclée de plomb dans le buffet permet d’ajuster rapidement les clauses les plus encombrantes.

On peut parier que si cette actualité fait à un moment ou l’autre les gros titres de la presse, ce sera pour lire que le salarié, poussé à bout par un patron qui n’a voulu faire aucune concession, aura fait connaître son désagrément d’une manière certes regrettable mais ô combien compréhensible, lutte des classes oblige, et tout ça.

Et dans le même temps, alors qu’on nous marxise discrètement la tête, la presse continuera par désinformer par omission, ou, au moins, à rendre insignifiants des faits qui le sont pourtant.

Par exemple, pourquoi l’assassinat d’un prête en Corrèze n’a pas déclenché une vague d’articles enflammés dans la presse et  (au moins) un déplacement de ministre outré par l’agression d’un religieux ? Pas assez juifs ou musulman, le religieux ?

Et pourquoi n’y a-t-il pas eu un peu plus d’informations concernant un fait qu’on voudrait rare parce que particulièrement consternant, à savoir le pillage d’un rayon hifi d’un magasin par des racailles « jeunes » ? (Pour la définition de « jeunes », veuillez vous reporter à mon précédent article sur les pompiers.) … Il semblerait que pour cette presse, une quinzaine de personnes qui dépouillent un rayon de hifi, c’est assez banal pour ne pas être mentionné. On retrouve ici le même déni d’information remarqué dans un autre billet.

Mais l’information existe, on la trouve, même si difficilement. Et pour en revenir aux premières remarques de ce billet, Internet offre à celui qui le veut une source précieuse d’informations indépendantes, non filtrée.

Evidemment, elle demande de se servir de la masse spongieuse qu’on a entre les oreilles.

Et c’est probablement ce qui terrifie le plus les politiciens.