Que pensez-vous que l’on trouve à l’adresse superexpresso.com ? Un club échangiste réservé aux Italiens ? Une association d’aide envers les éjaculateurs précoces ? Ou peut-être un dealer de boissons énergisantes officiant sous couverture ?
Rien de tout cela ! Superexpresso alias Michele Angelo est un designer italien, résidant à Barcelone, et reconnu pour son style qui marie le travail à la main au numérique. A l’aise aussi bien en typographie qu’en illustration, il s’impose aujourd’hui comme une des valeurs montantes des designers européens avec Alex Trochut avec qui il partage d’ailleurs son atelier…
Mais qui dit Barcelone, dit aussi musique électronique, un milieu que Michele affectionne particulièrement avec de nombreuses créations pour des acteurs majeurs de la scène tels que M.A.N.D.Y ou Ben Klock…
Rencontre.
Salut Michele, quelle heure est-il à Barcelone ?
Trop tard, comme d’habitude…
Peux-tu brièvement nous introduire ton parcours ?
J’ai étudié la peinture à la « Fine Arts Academy », ce qui était plutôt ennuyeux. J’ai donc rapidement déménagé pour Milan afin d’y étudier le design industriel et la communication.
J’ai ensuite obtenu mon premier (et unique) job ici, à Barcelone, pour Vasava (http://www.vasava.es/).
Et là, je viens tout juste d’emmenager dans mon propre studio, en compagnie de mes anciens collègues et amis Alex trochut et Dvein.
Qu’est-ce qui t’as emmené vers le graphisme ?
J’ai toujours eu un amour démesuré pour la musique, collectionnant depuis tout jeune vinyls et cds en tout genre… Alors peut-être que le design était un moyen de travailler dans un secteur de la création rattaché à cet univers. Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé que c’était un des rares métiers que j’étais capable d’exercer, avec celui de cuisinier, peut-être…
Une grande influence du milieu musical, mais encore ?
Oui, comme je te le disais, je voue une passion quasi démoniaque envers les pochettes de disques, mais j’ai aussi été très tôt fasciné par le design de planche de skate… Et si je devais citer quelques influences plus « classiques », ce serait Amedeo Modigliani, Robert Rauschenberg, et pour en nommer un troisième… Bruno Munari, un de mes idoles ! Ce mec était un véritable RAVER.
Illustration exclusive pour Jekyllethyde.frQuelles sont les techniques de travail que tu affectionnes le plus ?
Je ne peux pas m’arrêter de dessiner. Et donc à chaque nouveau projet, il faut que je le travaille au crayon en premier…
Ensuite, je mets le tout sur mon ordinateur, Photoshop / Illustrator, pas mal d’autres étapes…
Il semble également que tu aies une certaine attirance pour le travail de texture, non ?
En effet, j’ai pas mal expérimenté les textures récemment. J’aime utiliser des méthodes qui rendent l’artwork plus organique. Je donne d’ailleurs des cours sur ce sujet pour le « Hugo Create Project » à Madrid…
Sur quels projets te sens-tu le plus à l’aise ?
Peu importe le type de projet sur lequel je travaille, le plus important pour moi c’est d’avoir la liberté d’expérimenter et d’essayer de nouvelles techniques. J’ai un constant besoin d’inspiration, et de sentir que j’évolue après chaque boulot, sinon je m’ennuie très rapidement. Bien sûr, j’aime travailler pour le monde de la musique ou pour une marque, mais du moment que le job est stimulant, je relève le défi.
Tu te fais surnommer Superexpresso, est-ce parce que tu es un accro à la caféine ou plutôt parce que tu es fier de tes racines italiennes ?
Je ne me souviens pas d’où vient ce pseudo. Il me semble que ça remonte à l’époque où j’étudiais en Norvège, peut-être que j’avais besoin d’un léger retour aux sources…
Mais bien sûr, je suis aussi un accro à la caféine, une des meilleures choses de mon pays, qui n’a pas tant que ça d’aspect positif ces temps-ci..
Comment en es tu venu à collaborer avec des labels de musique ? Parle nous par exemple de la dernière compilation pour Get Physical…
Je suis allé un week-end à Berlin en mars, et j’y ai rencontré les mecs de Get Physical, à qui j’ai présenté mon taf… Et dix jours plus tard, ils me proposaient de travailler avec eux pour leur compilation, ce que j’ai bien sûr accepté ! Ce sont des mecs super cool, vraiment sympa, et tu peux d’ailleurs travailler directement avec les artistes, pas d’agence, ni de directeur artistique…
J’ai ensuite été contacté par Jason de AiRecords qui voulait aussi collaborer avec moi, un véritable honneur car j’adore Area info.
Tes cinqs morceaux favoris ?
1. all songs by Autechre – right now listening to Piezo, masterpiece.
2. KLF – Last train to Trancentral
3. Luke Slater – Love
4. Depeche Mode – Enjoy the silence
5. Pixies – Where is my mind
As-tu déménagé à Barcelone pour la musique ?
C’était une des raisons qui m’a motivé à venir habiter ici, mais pas la plus importante.
Laquelle était-ce alors, si c’est pas trop indiscret ?
L’amour
Barcelone est connue pour être l’ancienne capitale du street art, alors as-tu participé à repeindre les rues lors des années folles au début de l’an 2000 ?
Non, je n’ai jamais été fan du street art. J’ai bien fait quelques trucs avec des bombes dans mon coin, quand j’étais plus jeune, mais je n’ai jamais eu de crew, je n’étais pas un vrai « Writter ». Et puis d’ailleurs, j’en avais un peu rien à foutre !
Je suis allé peindre une fois avec mon boss de Vasava et c’était sympa… Et l’autre fois, c’était avec un pote, à la Boqueria, et encore heureux qu’on avait nos skates parce qu’on a failli se faire choper par les flics… Vraiment un looser !
Quelle est ta vision de la ville aujourd’hui ?
Je ne vis plus vraiment dans la ville aujourd’hui, en tout cas pas comme j’en avais l’habitude. Les premières années, tu sors toujours beaucoup, tu profites de la vibes, et puis c’était totalement différent de l’Italie.
Mais aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé, peu de bonnes teufs, les clubs qui ferment plus tôt.. Bref aujourd’hui, je voyage pas mal et je vois plus Barcelone comme un endroit agréable, ensoleillé, où tu prends ton vélo pour aller au studio, t’acheter des super vinyles à Santa Rita et manger du poisson, beaucoup de poisson ! ( Edit : ok il reste quand même quelques bonnes soirées ! )
Si tu devais me décrire Barcelone en un seul mot ?
Soleil
Le milieu artistique en un seul mot ?
Challenge.
Question bonus : quelle question aurais-tu aimé que l’on te pose ?
Q: Tu veux du café ?
R: Tu connais déjà la réponse !