Cette fois, j’ai décidé de vous parler non pas d’un sport, mais d’un loisir, la Cécipétanque. Il s’agit de quoi en définitive. Si on décompose le terme, on a Céci, pour cécité, c’est à dire l’état d’une personne privée de la vue. Et on a « pétanque » pour ……… pétanque bien sur. Du coup, tout le monde aura compris de quelle pratique sportive on parle. La Pétanque pour les non-voyants ou les mal-voyants. Et bien que je parlais de loisir, il existe quand même un réglement et quelques compétitions, mais rien encore de bien officiel. Mais cela devrait le devenir rapidement.
Bon, c’est bien beau tout ça, donc si la pétanque pour les mal ou non voyants existe, comme ce fait-il que l’on n’en recontre pas plus près ou sur les boulodromes? En fait, on est obligé de faire quelques petites adaptations afin de favoriser le jeu dans le noir.
La première et plus importante adaptation sera le terrain de jeu. Ici, difficile d’aller dans le chemin de la maison pour jouer. On est obligé d’avoir un terrain bien défini afin que les joueurs puissent facilement se repérer dans l’espace. Pour cela, on va utiliser un grand tapis de 7m de long sur 3m50 de large. Sur ce tapis, il sera dessiné comme un damier avec des carrés de 1m de haut sur 0.5m de large. On va donc avoir 7 colonnes et 7 lignes. La colonne du centre sera la colonne M comme Milieu, à droite nous aurons les colonnes X, Y et Z et à gauche les A, B et C en partant du centre. Pour les lignes, c’est plus simple, puisque nous aurons les lignes de 1 à 7. Si vous avez bien suivi, on aura donc C-B-A-M-X-Y-Z pour les colonnes et la case du centre sera la case M4. Autre particularité de ce jeu, les joueurs, ne voyant pas où ils se trouvent, sont placés dans une sorte de cale-pieds en bois afin d’être toujours face au tapis et à la même place. Ce bloc de bois est situé juste en face de la colonne M. Ainsi, le joueur, bien calé, les pieds toujours face au jeu, a une très bonne représentation de ce que les voyants peuvent voir. Voilà, tout est en place pour une nouvelle partie. La dernière accessoire qui manque c’est bien sur les boules et le cochonnet. Et là, c’est très simple, puisque l’on utilise les mêmes. Vous voilà donc paré pour jouer.Déroulement d’une partie
Il peut exister pleins de variantes de jeu. Comme c’est encore un loisir, il n’exsite pas encore de réglementations propres à ce jeu. On peut donc jouer en individuelle, par équipe de deux ou de trois, et encore plus, selon les envies et les participants. De la même façon, on peut jouer comme à la pétanque traditionnelle ou alors avec un système de comptage particulier, celui utilisé en compétitions.
On va d’abord parler d’une partie disputé selon les règles en vigueur. Ce sera un match entre deux joueurs, avec deux boules chacun. La partie se déroule en 5 salves de 2 boules et l’on parle alors de joute. Pour débuter, l’arbitre -voyant lui, c’est plus facile – place le but ou cochonnet au centre de la case M4, c’est à dire au centre du centre du tapis. Les joueurs viennent à tour de rôle dans le T en bois et lancent leurs deux boules. On compte les points et celui qui aura été le plus près du but engagera la salve suivante. Ensuite, chaques joueurs lancera le but deux fois, donc on ne tiendra plus compte de la boule la mieux placée. Pour que le joueur se repère et sache où il a lancé sa boule, l’arbitre dispose d’un « terrain miniature » de taille A4, avec les lignes en relief. Il place des pastilles là où se trouvent le but et les boules, et le joueur voit alors le terrain et la partie avec ses doigts. On dira que le terrain en en braille.
Pour le comptage de points, là, c’est un peu particulier. Quand la boule touche le but, on obtient 25 points. La boule est dans le même carré, 15 points. Dans une case contiguë, 5 points. Sur le tapis, 1 point et pour terminer, en dehors du tapis, 0 point. A la fin de la joute, on totalise les points de chaque joueur et celui qui en a le plus a gagné.Voilà pour le jeu avec des règles officielles. Mais bien entendu, on peut aussi y joué en loisir, entre amis, à condition bien sûr d’avoir le matériel. Et là, le déroulement de la partie est libre. On peut y jouer en individuel ou en équipe. Le plus simple, reproduire une partie de pétanque classique. Quand je dis simple, c’est quand même loi d’être évident de bien placer sa boule quand on voit rien.
L’entame de la partie sera comme celle d’une partie officielle avec le but en M4. Ensuite, l’équipe ayant gagné le cochonnet débute donc la partie. Un joueur se place dans le cale-pied et lance le but. Là, pas de terrain en braille, donc l’arbitre ou un joueur annonce la case où s’est arrêté le cochonnet. Le joueur peut alors s’imaginer le terrain et l’endroit où jouer. Et il place donc sa boule. Une fois la boule stoppée, l’arbitre annonce l’emplacement de cette dernière. Le joueur peut alors jouer sa seconde boule, la lançant plus forte ou moins forte, plus à gauche ou plus à droite. Ensuite, c’est à un joueur de l’équipe adverse de venir se mettre en place et à son tour, de lancer ses deux boules. Après, c’est comme pour la pétanque, l’équipe qui est la plus loin du but doit rejouer. Ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les boules soient jouées. Et ensuite, on commence une nouvelle mène. Et là, le comptage s’effectue comme d’habitude. Comme vous pouvez vous en rendre compte, c’est quand même très simple. Cela se complique quand ce loisir sort de son élément, c’est à dire quand on fait jouer des personnes « valides ». Pour que tout le monde soit sur un pied d’égalité, elles portent des masques opaques afin d’être dans le noir complet. L’imagination de l’espace est plus dure quand on nous ote nos repères visuels. Mais après quelques tirs d’adaptations, beaucoup de concentration, le jeu devient vite accessible. Faut juste oublier ces réflexes de voyant et ne pas tenter le carreau. A ce moment, on peut rapidement commencer des parties contre des adversaires non ou mal-voyants.Encore une pratique sportive qui permet une intégration parfaite entre « handicapés » et valides. Et c’est ça l’essentiel. Surtout, cette discipline met en oeuvre des qualités spécifiques telles que la concentration, le sens de l’orientation, la coordination et la précision du geste.
Je dois bien avouer que j’ai pas été très doué lors de mon initiation, mais j’ai quand même trouvé cela très sympa. Et comme dans toute partie de pétanque entre amis, on a refait les parties autour d’un bon verre. Céci bon de se retrouver entre copains.
Photos : Gaëla BLANDY