A peine rentré de tournée que Brother Ali sortait l’EP The Truth Is Here qui faisait l’intermédiaire entre The Undisputed Truth et ce nouvel LP qu’estUs, dont certaines infos avaient filtré lors de son interview sur Streetblogger publiée au Printemps. Pas le temps de souffler, le MC chocolat blanc de Rhymesayers reprend le mic pour prêcher la bonne parole à travers le rap. « Brothers & Sisters », écoutez le message de frère Ali, c’est Chuck D qui vous le dit !
A peine rentré de tournée que Brother Ali sortait l’EP The Truth Is Here qui faisait l’intermédiaire entre The Undisputed Truth et ce nouvel LP qu’est Us, dont certaines infos avaient filtré lors de son interview sur Streetblogger <link> au Printemps. Pas le temps de souffler, le MC chocolat blanc de Rhymesayers reprend le mic pour prêcher la bonne parole à travers le rap. « Brothers & Sisters », écoutez le message de frère Ali !
C’est sous les applaudissements que Brother Ali monte sur l’estrade. Soulevé par son public, le triomphal « The Preacher » porte un message universel pour la jeunesse et les classes populaires. Cet MC est un personnage attachant par sa singularité, c’est quelqu’un à part. Il n’a jamais baissé les bras et toujours su surmonter les difficultés et la discrimination. Et c’est cette force intérieure qu’il veut communiquer à tous ceux qui vivent dans l’adversité. S’il est aussi blanc que Blanc de peau, la suite de son sermon « Breakin’ Dawn » montre clairement sa facette Noire de Brother Ali sur cette chanson rap bluesy où l’on peut l’écouter chantonner. C’est cette dualité qui fait son identité à part dans le milieu rap. A ce sujet, ce morceau me rappelle qu’à la base cet album devait s’appeler Street Preacher.
Chaque nouvel album de Brother Ali est une nouveauté, une nouvelle découverte. Il nous a toujours habitué à de très bons albums et chacun de ses albums est produit exclusivement par Ant des Atmosphere. Us ne déroge pas à cette règle. Je lui avais demandé s’il allait bosser avec Jake One, il m’avait répondu un « pourquoi pas ». Mais il est vrai que l’alchimie construite avec Ant, et qui s’est consolidée au fil des années, fait une nouvelle fois des merveilles. De la piste 3 à 6, la vibe se veut soulful, jazzy, funky et transite vers le rock sur « Tight Rope ». Sa façon de chanter ou mettre des intonations sur certains des refrains et/ou couplets apportent un + à ses récits, comme un petit supplément de fun comme sur « Fresh Air » ou d’émotions sur le soulful « Puppy Love ». Ant impressionne une fois de plus par sa versatilité en trouvant des instrus uniques en leur genre et des idées étonnantes, comme des notes de xylophones sur « The Travelers » qui apporte une touche d’exotisme. Dans l’ensemble, Us tend musicalement vers le blues (« Babygirl », « Slippin’ Away »,…) quand il ne s’agit pas d’autres variétés de musique black.
On aurait pu croire que le succès de Brother Ali sur la scène hip-hop indé lui aurait fait prendre le melon. A l’entendre sur « Round Here », il le mérite, il le sait, mais plutôt que gonfler son égo comme beaucoup l’auraient fait à sa place, il garde les pieds sur terre et reste humble. L’appréciation grandissante des fans ne font que lui donner plus de crédits et l’envie de se donner encore davantage. Pour rester fidèle à son public, Brother Ali reste surtout fidèle à lui-même et ses convictions en tant qu’MC. Hors de question pour lui de se reposer sur ses lauriers, il en fait une belle démonstration de son savoir-faire avec le storytelling « Bad Mufucka pt II », la tuerie « Best@it » feat Joell Ortiz & Freeway et « Games ». Ali boxe à mains nues pour porter ses punchlines en pleines faces, toujours posté en challenger pour mieux surprendre ce qui lui fait face.
Pour le mot de la fin, « Us » termine religieusement notre écoute sur un gospel rap et les chants de Stokley Williams. Brother Ali est musulman et prêche comme un fervent chrétien, autre symbole fort, autre facette de sa dualité.
« There’s no me and no you, it’s just Us »