Il n'y a pas que le népotisme. Sarkozy, roi du copinage !
Il n'y a pas que la famille dans la vie : de Proglio à Mariani en passant par Pérol, Nicolas Sarkozy montre qu'il ne pratique pas que le népotisme, mais aussi le copinage. La preuve, il a placé tous ses potes à la tête d'entreprises clés. Juan en fait la liste (non exhaustive).
Certaines nominations, comme celle de Jean Sarkozy au conseil d'administration de l'EPAD, ont suscité de larges polémiques. Depuis 2 ans et demi, l'Elysée a placé ses hommes, récompensé ses proches, solidifié ses soutiens dans nombre de grandes entreprises clés. Voici une revue, non exhaustive, de ces amis désormais bien placés.
Henri Proglio (EDF, Véolia)
Président de VEOLIA, il va prendre les rennes d’EDF... sans abandonner celles du groupe privé. Son passage, sans conséquence, devant une commission parlementaire mardi dernier, n'a pas posé de problème. Après une discrète campagne, Henri Proglio avait été sollicité par l’Elysée cet été pour succéder à Pierre Gadonneix à EDF. Qu’il conserve également la tutelle de VEOLIA lui permet d’envisager quelques rapprochements. Longtemps chiraquien, le président de l’ancienne Générale des Eaux a rejoint le clan sarkozyen en 2006. Le soir du 6 mai 2007, il était au Fouquet’s. Henri Proglio a été l’un des parrains de Rachida Dati dans les milieux d’affaires. Cette dernière l’a introduit auprès de l’actuel président de la République. Il se murmurait qu’on lui avait promis un poste à Bercy, finalement attribué à Christine Lagarde. Un autre soutien de Sarkozy, Alexandre Djouhri, milliardaire franco-algérien et actionnaire de Veolia, a œuvré au rapprochement. M. Djouhri sert également d’intermédiaire pour certaines ventes d’armement français à l’étranger. Pour Sarkozy, Proglio était une belle prise. Veolia faisait partie des soutiens financiers du RPR, puis du clan chiraquien, ce qu’on a pu vérifié lors du procès des HLM de Paris.
En partant à EDF, Proglio emporterait un proche conseiller de Nicolas Sarkozy: Cédric Goubet, actuel chef de cabinet du Président de la République. On ne change pas une formule qui sert.
Stéphane Richard (France Télécom)
Ancien directeur de la division transport de Veolia, Stéphane Richard a rejoint le cabinet de Christine Lagarde en mai 2007. Le ministère de l’Economie et des Finances est notamment l’autorité de tutelle de la DGCCRF. France Télécom est souvent scrutée par les autorités de concurrence. La DGCCRF a pris partie en faveur des positions de France T élécom dans diverses affaires de concurrence au cours de l’année 2008. Au printemps 2009, Stéphane Richard a rejoint France Télécom.
Dans le passé, Stéphane Richard a dirigé la filiale immobilière de la Générale des Eaux, puis Veolia Environnement et Veolia Transport. Détail «amusant», Stéphane Richard a subi un redressement fiscal de 660 000 euros en octobre 2007. La même année, il était décoré de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy.
Le 5 octobre dernier, il est devenu directeur général adjoint de France Télécom, en charge des activités France.
François Pérol (Caisses d'Epargne et Banques Populaires)
De 2005 à 2007, François Pérol était associé-gérant de la banque Rothschild & Cie. Il a notamment conseillé les Banques populaires et les Caisses d'Epargne dans la création de leur filiale commune, Natixis, dont les difficultés financières en 2008 ont failli coulé ses deux parents. En mai 2007, il retrouve Sarkozy en tant conseiller économique de Nicolas Sarkozy jusqu’en novembre 2008. A ce titre, il a supervisé le sauvetage de plusieurs banques, pour le compte de l’Elysée, et notamment travaillé sur le rapprochement entre les Banques Populaires et les Caisses d’Epargne. En novembre dernier, ô surprise, François Pérol est nommé président de ces deux établissements. En janvier, les deux banques sont fusionnées pour donner naissance à la BPCE. La Commission de déontologie n’est même pas saisi. Le conflit d’intérêt est manifeste.
Aux Caisses d'Epargne, François Pérol a retrouvé Thierry Gaubert, un ancien collaborateur "multi-cartes" de Nicolas Sarkozy dans les Hauts de Seine. En février 2008, Thierry Gaubert a été mis en examen pour abus de biens sociaux et escroquerie dans la collecte et l'utilisation des fonds du 1% logement dans le département. Thierry Gaubert s'occupait par ailleurs de la communication du futur président, et de ses relations avec les médias.
Pierre Mariani (Dexia)
En septembre 2008, la banque franco-belge Dexia manque de disparaître. De mauvais placements ont eu raison de sa solidité. L’Etat français intervient en un week-end, et place Pierre Mariani en tant qu’administrateur délégué et président du comité de direction. Ce dernier a été directeur de cabinet du ministre du Budget de 1993 à 1995, quand Sarkozy était le fidèle second d'Edouard Balladur. Puis, il a dirigé la Société Française d’investissements immobiliers et de gestion (SEFIMEG), de 1995 à 1997, une société gestionnaire d'un parc immobilier, notamment en Ile-de-France. Cette société a été rachetée par le groupe Pinault en 1999. A partir de 1998, Pierre Mariani travaillait à la BNP. Le patron de la BNP, Michel Pébereau, est l'un des conseillers de l'ombre de Nicolas Sarkozy en matière bancaire.
François Pérol et Pierre Mariani sont deux des soutiens du président français dans le milieu bancaire. Depuis septembre 2008, malgré des déclarations officielles fermes, le gouvernement français a résisté plus que ses voisins à encadrer le secteur bancaire (pas de plafonnement des bonus bancaires; pas de surtaxation des profits des banques; revente à "prix coûtant" des actions rachetées pendant le krash, etc).
Armand Laferrère (Areva)
Président d’Areva Canada, Armand Laferrère est un ancien conseiller de Sarkozy, entre 2002 et 2004, quand celui-ci dirigeait le ministère de l’Intérieur. Depuis, il « pantoufle » au Canada. Au printemps 2004, il publiait un « Plaidoyer pour George Bush ».
Bernard Delpit (La Poste)
Conseiller économique du président depuis 2007, Bernard Delpit a été nommé directeur financier de la Poste en juin 2009. Rien de mieux pour bien préparer le changement de statut de la Poste, contesté par une votation citoyenne en septembre dernier.
Luc Vigneron (Thalès)
En mai dernier, Dassault est entré au capital de Thalès (avec 26%). L’Etat, aidé par ce nouvel actionnaire et propriétaire de 27% de Thalès, a fait nommer Luc Vigneron à la tête de Thalès, contre l’avis du comité de sélection des administrateurs et des rémunérations (Csar) de l’entreprise. Depuis des mois, Nicolas Sarkozy a bloqué EADS, qui cherchait à mettre la main sur Thalès, au profit du plus fidèle Serge Dassault. Rappelons que Thalès, et sa filiale DCNS, est régulièrement cité, et pour cause, dans l’affaire du Karachigate. « Autre souci, moins avouable, les dirigeants de Thalès et de la DCNS connaissent tous les petits secrets des marchés des années 1994 et 1995, lorsque Balladur était Premier ministre et Sarko le patron du Budget. » notait le site Bakchich en décembre dernier.
Jean-Philippe Cotis (INSEE)
Il a côtoyé Nicolas Sarkozy en 1993-1994. En octobre 2007, Sarkozy le nomme à la tête de l’INSEE. En mai 2009, il remet au prédisent un opportun rapport sur le « Partage de la valeur ajoutée, partage des profits et écarts de rémunérations en France», un contre-feu allumé par l’Elysée en pleine contestation sociale en février dernier. Alimenter l'agenda public avec des rapports d'experts que l'on a soi-même choisi est une ficelle toujours efficace...