Décidément, ils s'en passait des choses aujourd'hui à 13h46 dans Le Monde. En réponse du berger à la bergère, Antoine Gallimard à la même heure et à la même minute que Arnaud Nourry (on se demande comment c'est possible, ils avaient peut-être déjeuné ensemble?) donnait lui aussi son avis sur le livre numérique dans un billet intitulé "E-book, la grande braderie": "Ces temps-ci, on reproche aux éditeurs d'arriver dans le désordre, en
multipliant le nombre de platesformes de distribution. Mais on se
trompe de cible: il s'agit, au contraire, d'une précaution
élémentaire, légitimée par un siècle et demi de pratiques éditoriales.
L'alternative, en matière de distribution, est salutaire, même au plan
national. On doit se féliciter de l'existence de ces entrepôts
mutualisés, comme Eden-Livres (créé par Gallimard, Flammarion et La Martinière).
Ils n'empêchent nullement de chercher en même temps à favoriser un
accès simplifié et exhaustif à l'offre numérique, auprès du plus grand
nombre de revendeurs et sans exclusive. L'interprofession peut et doit
jouer ce rôle, avec des outils comme Electre ou Dilicom. L'édition
française a besoin de ce "hub": elle s'en dotera très vite". J'ai relevé aussi une sévère diatribe contre la braderie de l'ebook, on jugera: "Le corridor qui mène à l'économie numérique du livre semble plus que
jamais flanqué d'un décor à la Potemkine. On y rencontre des experts de
toutes sortes qui se réclament de la Bible de Gutenberg et de l'italique d'Alde Manuce
pour vendre à grand prix leur triste révolution numérique.
Quel cynisme! Ouvrons les yeux: c'est la grande braderie du numérique. Tout doit
disparaître! Le droit moral des auteurs et la reconnaissance de leur
apport singulier dans la bruyante machinerie collaborative, l'intégrité
des oeuvres, les savoir-faire éditoriaux et les pratiques documentaires
qui définissent notre rapport anthropologique au savoir et à
l'imaginaire et fondent l'inestimable valeur d'usage du livre. Tout
cela doit-il être vendu à l'encan?". Tiens, Alde Manuce, l'expert qui s'en réclame pour vendre à grand prix une triste révolution, serais-ce ma pomme? Un moment, très immodestement je dois le dire allez, trente secondes, j'ai douté. Et puis non, voyons. D'abord, je doute beaucoup que mon modeste blog ne traine sur l'écran d'Antoine Gallimard. Ensuite, comme je ne me suis jamais posé en expert de quoi que ce soit, que je n'ai rien à vendre, d'autant moins à "grand prix", c'est donc notre ami Bruno Rives qui s'y colle... En compagnie de notre descendant prospectiviste de Gutenberg. Sous les fourches caudines d'Antoine Gallimard, bon sang, ça vous pose deux hommes. J'espère qu'ils s'en remettront...