Mercredi 28 octobre. La salle 4 du Pathé Wepler, place de Clichy, à Paris, est au trois quarts vide pour la séance de 13 h 15 de This Is It, documentaire consacré aux répétitions de concerts de Michael Jackson et diffusé durant deux semaines dans les salles de quatre-vingt-dix-neuf pays selon Sony Pictures Entertainment, distributeur du film. Il y a là une soixantaine de spectateurs, pour la plupart de moins de 20 ans.
Attendent-ils l’excitation de la performance scénique ? Les images qui donneraient les clés de la mort du “roi de la pop”, le 25 juin, après avoir répété au Staples Center de Los Angeles, alors qu’il préparait, pour juillet, une série de cinquante concerts à Londres ? On imagine que ces répétitions, qui annonçaient à la fois le grand retour de la star et son envie de tirer sa révérence, ont donné leur lot d’angoisse, de sueurs et de larmes. Si les images tournées, de mars à juin, par la société de production des concerts AEG ont un jour capté cela, le film, réalisé par Kenny Ortega, metteur en scène du spectacle, évite de l’exposer.
Une scène du film musical américain de Kenny Ortega, “Michael Jackson’s This Is It”.
Le but affiché de This Is It est de démontrer à quel point Jackson était encore un immense artiste, sur le point d’offrir un spectacle grandiose. Dans les coulisses de cette superproduction, on perçoit en effet l’ampleur d’un show où chaque titre détermine chorégraphies et effets spéciaux. Impressionnants en particulier, les making of des vidéos tournées pour illustrer des chansons du spectacle. Pour Smooth Criminal, le chanteur est téléporté dans un polar en noir et blanc aux côtés de Rita Hayworth et Humphrey Bogart. Pour Thriller, une nouvelle scène de zombies, inspirée du célèbre clip de John Landis, a été filmée en images 3D.
Laideur des lumières
Etrangement, ces moyens mis en oeuvre contrastent avec l’esthétique bon marché du documentaire. Pas prévues à l’origine pour être diffusées en salles, la plupart des images surprennent par leur manque de définition, la laideur des lumières et des cadrages. Entrecoupées d’entretiens (avec des danseurs, techniciens, musiciens…) sans intérêt autre qu’hagiographique, ce sont les séances de répétitions de Michael Jackson lui-même qui seront le plus décortiquées. Emacié, amaigri, il apparaît parfois d’une fragilité fantomatique. Mais le film témoigne aussi qu’à 50 ans il avait de beaux restes de danseur et de vocaliste.
L’on nous montre aussi quelques moments de décontraction, d’enthousiasme, de travail exigeant ou de stress (l’envie de s’économiser avant le grand jour) qui humanisent celui qui a souvent été présenté comme une star intouchable ou une bête du cirque people. Même si l’essentiel de la tension et des doutes semble ici avoir été occulté.