Mais l’exercice a tout de même ses limites. La preuve en est apportée avec cette dernière réalisation qu’est la Villa Calderon. Le pavillon existant ne présentait pas à l’évidence un intérêt patrimonial et historique tel qu’il justifie à tout prix son maintien. Il n’était qu’une grande maison bourgeoise de la fin du XIXème siècle parmi tant d’autres, témoins de la prospérité passée de la ville liée à son industrie drapière. Il s’en dégageait pourtant une certaine harmonie, due à sa situation dans un parc, à ses proportions architecturales et au choix des matériaux utilisés pour sa construction. Dès lors qu’on souhaitait le conserver, il eut paru normal qu’on préservât et valorisât les éléments qui lui conféraient son caractère. Or, qu’en reste-il aujourd’hui ? Rien d’autre que les inconvénients dus à sa structure, comme par exemple ces fenêtres à demi aveuglées et cet escalier intérieur si étroit qu’on ne peut que difficilement s’y croiser. Ravalé par un enduit qui masque entièrement la brique, matériau d’origine, le bâtiment a ainsi été totalement banalisé et peut apparaître à l’œil profane comme un bâtiment neuf. Lequel n’eut probablement pas coûté beaucoup plus cher et eut été beaucoup plus fonctionnel et techniquement plus performant.
Ce pavillon, qui abrite désormais les appartements relais, était flanqué d’une dépendance, elle aussi en brique, avec laquelle il constituait un ensemble cohérent et harmonieux. Privée de sa toiture, surhaussée par ce bloc dont les proportions ne sont que la conséquence du volume et des espaces requis pour constituer les logements d’artistes, elle apparaît aujourd’hui dans toute son incongruité. À présent, la dépendance est devenue l’élément dominant de l’ensemble. Sa prégnance, à la prétention moderniste et ridicule, est telle qu’elle écrase le pavillon de sa masse.
Quant au parc dont Marc-Antoine Jamet a souligné dans son discours, non sans humour, qu’il était le jumeau du jardin de Bigards, il introduit d’emblée cette interrogation : Il est, nous dit-on, destiné à accueillir tout au long de l’année des enfants, dont ceux des appartements relais, et chaque été l’opération Louviers-plage. Comment, dans ces conditions, a-t-on pu laisser l’architecte paysagiste intégrer au projet un canal artificiel dont la profondeur d’eau avoisine les cinquante centimètres, sans aucune protection ? À l’heure où l’on impose aux particuliers possédant une piscine une réglementation draconienne – et justifiée – pour prévenir la noyade accidentelle des petits, comment peut-on agir ainsi avec une telle légèreté, pour ne pas dire irresponsabilité ? Devra t-on attendre un tragique accident pour remédier à cela ? N’eut-il pas été plus judicieux d’inclure dans le programme l’élément indispensable qui fait le bonheur de tous les bambins : une véritable pataugeoire avec quelques centimètres d’eau pour s’ébattre en toute sécurité ? Dut-elle épouser la forme d’un canal pour complaire à l’architecte. Décidément, le bon sens n’est pas la vertu la mieux partagée au sein de cette municipalité.
Reynald Harlaut