Craignant de provoquer la peur des passagers aériens, l'agence spatiale américaine, la NASA, refuse de divulguer les résultats d'une enquête auprès de milliers de pilotes américains qui révèle que les problèmes de sécurité -comme les collisions évitées de justesse- sont beaucoup plus fréquents que ce qui a été reconnu par le gouvernement américain par le passé.
Les chiffres ont été assemblés de 2001 à 2005 par un sous-traitant de la NASA qui a réalisé une enquête auprès de quelque 24.000 pilotes. Depuis la fin du sondage et la clôture du projet il y a plus d'un an, l'agence refuse de rendre les résultats publics. La NASA a même demandé la semaine dernière au sous-traitant d'effacer toutes les données de leurs ordinateurs.
L'Associated Press (AP) a appris l'existence de ces chiffres par une source au fait des résultats de l'enquête, qui se prononçait sous le couvert de l'anonymat.
Un haut responsable de la NASA, l'administrateur adjoint Thomas S. Luedtke, a déclaré que la divulgation des conclusions pourrait être de nature à plomber la confiance des passagers envers les compagnies aériennes et les profits de ces dernières. Il a cependant reconnu qu'elles "présentent une illustration complète de certains aspects de l'industrie de l'aviation commerciale américaine".
L'AP a tenté pendant 14 mois d'obtenir les chiffres en s'appuyant sur la loi américaine sur la liberté d'information, mais a essuyé un refus final dans une lettre signée de M. Luedtke.
"La diffusion des données demandées, qui sont sensibles et liées à la sécurité, pourraient affecter matériellement la confiance publique et la bonne santé commerciale des transporteurs aériens et des compagnies d'aviation civile dont les pilotes ont participé au sondage", argue-t-il dans cette lettre.
Parmi plusieurs résultats inquiétants, les pilotes ont fait état d'au moins deux fois plus d'impacts avec des oiseaux, de collisions manquées en plein vol ou d'interférences sur les pistes d'aéroport, que ce qui a été mis au jour par les enquêtes des autorités américaines, selon la source de l'AP.
On recensait également un nombre plus haut qu'attendu de pilotes qui rapportaient avoir reçu des ordres de changements des manoeuvres d'atterrissage à la dernière minute, qui peuvent s'avérer dangereux.
De son côté, l'Administration fédérale de l'aviation remet en question la méthodologie la NASA. Selon la porte-parole Laura Brown, la FAA s'estime pleinement capable d'identifier les problèmes de sécurité avant qu'ils ne provoquent des accidents. AP