Désigner son bourreau...
Bien abritée derrière sa forteresse de retard justement technologique et son offre légale de vente d'ebooks moribonde, la France avance à la vitesse d'un petit-gris dans cet univers numérique, trop soucieux que sont ceux qui détiennent l'argent de bien le conserver. Dès lors, la prudence, plus que de mise, devient une fermeture des frontières. Et pour exemple : « Comment peut-on sereinement envisager, dans ce contexte hostile, de donner à Google les clés de la Bibliothèque nationale de France (BNF) ? »
... c'est se poser en victime
Évidemment. C'est une honte. Mais sait-on simplement les conditions dans lesquelles s'opérerait cette numérisation ? Hmm ? Non ? Bien non. On suppose que le schéma numérisation gratuite, contre récupération d'une copie et rémunération sur la publicité s'opérera. Mais on n'en sait pas plus.
Foin des bocks rimbaldiens, passons à l'autre ennemi : Amazon. Ah le bougre ! Avec ses fichiers numériques vendus à 9,99 $ qui donnent forcément envie aux Français d'avoir des ebooks moins chers, a-t-on idée d'instiller pareilles idées dans la tête des consommateurs ? Le livre numérique doit être cher. D'ailleurs, c'est déjà le cas : pourquoi changer ? Sans prix unique du livre, le cybermarchand « instille dans l'esprit du consommateur un prix de référence pour les nouveautés - un prix qui n'a rien à voir avec la réalité économique et qui ridiculise les éditeurs et leur “prix conseillé” de 24 ou 25 dollars ».
Encerclé de toutes parts !
Alors d'un côté, le gratuit chez Google, de l'autre la braderie du livre chez Amazon : comment un petit éditeur comme Hachette pourrait s'en sortir ? Évidemment, que l'American Booksellers Association a demandé l'ouverture d'une enquête : c'est un peu gros au bout d'un moment, mais qui en France demander l'ouverture d'une enquête sur les tarifs abusifs des livres numériques ? Qui ? Et M. Nourry d'asséner :
Bientôt, les éditeurs se verront dicter des conditions de cession inférieures, et c'est toute la chaîne de valeur du livre qui s'en trouvera compromise, et avec elle, la diversité de l'offre qui fait la richesse de nos cultures. Témoins et parties prenantes de cette crise aux États-Unis, où nous sommes l'un des premiers éditeurs du pays, nous nous efforçons depuis deux ans, chez Hachette Livre, de rechercher les moyens de créer un modèle économique numérique durable, en particulier en France.On en sourirait jaune, si ce n'était pas si incroyable. Mais bien, hein, bon discours. Bien sûr, on trouvera que les propositions sont (enfin !) dans l'air du temps : bien obligé de céder un peu de nos jours, sans quoi, c'est la lapidation. Aussi parle-t-on la TVA à 5,5 %, les prix inférieurs de 20 à 30 % - pourquoi n'est-ce pas déjà le cas ? - ou le prix unique du livre numérique. « Mais cela ne suffira pas. Ce que les éditeurs de musique n'ont pas su faire à temps, nous, éditeurs, avons le devoir de le faire : créer très vite une offre commerciale légale et attractive, au service de tous les lecteurs, de tous les contenus et de tous les libraires. »
Numilog, mon sauveur !
Au secours... Tant de temps pour l'admettre... Et de vendre Numilog comme la solution efficace pour la révolution numérique. C'est là ! Nous y sommes. La concurrence commence : pour contrer Editis ou La Martinière, plaidons dans Le Monde que Numilog tient les rênes de l'avenir. Mais passons sous silence que Numilog oblige à l'insertion de verrous numériques, si l'on souhaite faire partie de son catalogue...
Quant à cette porte ouverte vers ses confrères, on se demande qui l'enfoncera ou la claquera...