La France possède parmi ses traditions celle de la caricature. Les hommes et femmes de pouvoir ont toujours eu à affronter ce type de commentaire qu’il s’agisse de la presse écrite, radio ou à la télévision. Médisants, moqueurs ou méchants selon certains, ils draînent avec eux nombre d’éléments qui font de ces pastilles des succès populaires importants.
Avant toutes choses, je précise que cet article n’est pas écrit à la gloire forcenée du genre. Interpellé par l’émergence du thème dans différentes lectures sur l’Internet, je m’interroge simplement sur les conditions qui font de ce mode d’expression un des favoris du moment.
En premier lieu, toutes ces chroniques sont cataloguées comme étant humoristiques ce qui dans la classification des genres incite légitimement le public à venir consulter ne serais-ce qu’une fois ces prises de parole. La classification humoristique permet alors de créer des univers dans lesquels il est naturel de grossir les traits et de faire apparaître de manière évidente les inclinaisons populaires suscitées par les situations ainsi que les personnages. Et c’est là un point important à toutes ces situations, celui de partager avec leurs auditoirs un socle commun qu’est le grossissement des traits tout en se gardant de tomber dans des considérations de café du commerce. Le ton est propre à chacun quand le propos est partagé !
Ensuite, j’entrevois le succès de ce mode d’expression dans une rupture avec le modèle dominant et cela sous deux points. Tout d’abord, ces chroniques sont en ruptures avec des émissions traditionnelles puisqu’elles banissent les experts. Une seule et même personne se donne dès lors le droit de commenter sur tous les domaines qu’il souhaite sans en fournir aucune légitimité. Les experts véhiculent en général les notions de secret, de langue de bois que les habeleurs des pouvoirs font disparaître puisque n’étant expert de rien, ils se désignent comme parangon d’une liberté de ton totale.
De plus, cette rupture avec le modèle dominant s’observe également en terme de format. L’époque et les usages veulent que tout soit plus ou moins ramassé, que les durées tendent à se réduire le plus possible et l’information (toute sarcastique qu’elle puisse être) ne déroge en aucune manière à cette règle. “Les Guignols de l’Info“, “Le petit Journal“, “Les chroniques de France Inter“, “Canteloup“, “Gerra” ne font à l’antenne pas plus de cinq minutes. En ce laps de temps, un propos général est énoncé, faisant le plus généralement le point sur l’Information de la journée tout en permettant d’esquisser un petit sourire. La consommation médiatique se fragmente de plus en plus, se transporte facilement et c’est à ces titres que consulter ces instants d’opinion devient aisé tout en étant jouissif.
J’en terminerais en précisant deux ultimes choses : cet article se contente comme toujours de se circonscrire à l’univers médiatique qui demeure mon domaine d’intervention ; naturellement, le profil sociétal actuel ne serait pas ne pas être un facteur incitatif fort aux plébiscites sus mentionnés. De plus, le succès de ces chroniques sarcastiques est également à mettre en parallèle de tout ce qui peut se faire sur l’Internet (et que j’illustre en écrivant ce texte), à savoir que l’humeur et l’opinion de chacun se répandent de plus en plus facilement sur la toile. De fait, si elles se répandent c’est bien que légitimement certains en sont à la recherche et d’autres à l’expression.
POUR LES AMATEURS DU GENRE, QUELQUES EXTRAITS
http://www.dailymotion.com/videox8efvy
http://www.dailymotion.com/videoxayqzv