Il n’est pas interdit de rire un peu même – et peut-être surtout - des choses dont on peut subodorer qu’elles ne seront guère rigolotes pour certaines personnes. Je n’ai pu m’empêcher de rire en recevant par mail cette photo que m’a envoyée une amie qui travaille dans le service de gestion d’un hôpital régional. Je ne sais si le masque est destiné au personnel soignant ou si ce sont les malades contaminés qui devront le porter mais le résultat est proprement hallucinant et quand j’ai découvert la photo, tout en rigolant je n’ai pu m’empêcher de penser que les enfants hospitalisés risquent d’avoir très peur…
Ils préfèreraient de loin le nez rouge des clowns des troupes bénévoles qui viennent régulièrement les divertir.
Pour en revenir aux choses sérieuses, honte à Robert Debré qui osait la traiter de grippette ! C’est sans doute vrai dans la plupart des cas – même si elle paraît assez «cognée» - mais si au nombre des décès enregistrés, il y eut quelques patients déjà fragilisés par des affections graves, certains de ceux qui sont morts ne présentaient aucune pathologie. Ils étaient au contraire des adultes dans la force de l’âge ou plutôt jeunes. Ce qui n’est au fond guère surprenant si l’on se réfère aux cas le plus fréquemment constatés au Mexique au printemps dernier.
Nous savons que la situation risque de s’aggraver d’ici peu. Du moins en ce qui concerne le nombre de patients – déjà assez élevé ces derniers temps, notamment dans la Région parisienne ce qui est logique en raison du nombre d’habitants, du transit des passagers dans les transports en commun – RER, trains de banlieue, bus et métro – sans oublier celui des voyageurs des grandes lignes ou qui empruntent l’avion à Roissy ou Orly.
Les retours de vacances ajoutés à celui du froid seront certainement très propices à une explosion du nombre de cas et leur diffusion dans la France entière. Du moins est-ce la thèse la plus communément admise par le corps médical.
J’écoutais il y a peu sur France-Info Jean-François Lemoine, responsable de la chronique médicale de la radio qui précisait que si le virus en cause avait déjà fait le tour du monde, il n’avait apparemment et fort heureusement pas rencontré d’autres virus – grippe aviaire, porcine, humaine – avec lesquels il eût pu se «recombiner» pour donner une variante autrement redoutable. Souhaitons que cela dure le plus longtemps possible !
Je ne suis pas médecin mais cela ne m’empêche nullement de réfléchir en mobilisant mes connaissances d’infirmière. Je pense donc que la pollution atmosphé-rique, notamment celle des grandes agglomérations urbaines et sub-urbaines peut être un facteur de risques aggravant. Notamment pour les plus petits, les bébés et autres enfants en bas-âge qui sont dans des poussettes ou marchent quasi au ras des pots d’échappement.
Ce sont eux qui forment tous les hivers la cohorte grandissante des petits malades atteints de bronchiolite. Je suis persuadée que les deux facteurs – le virus ajouté aux particules de CO2, qui plus est associées à celles émises par les moteurs diesel et tout cela dans une atmosphère où le brouillard comme la pluie ou le crachin constituent autant d’aérosols - risquent de faire un mélange pour le moins redoutable pour le système respiratoire des nourrissons et enfants en bas-âge.
Il restera qu’ensuite on a beaucoup parlé avant la rentrée des fermetures d’école si des cas s’y présentaient. On a moins parlé de la contamination toujours possible des enseignants. Après tout, devoir fermer une école quelques jours n’est pas un drame. Mais quid si l’infection ravage le personnel médical et para-médical des hôpitaux et cliniques où de surcroît devront être traités les cas les plus graves ?
Sachant que le personnel n’y est déjà plus en nombre suffisant et que l’on a fermé nombre de services au nom d’une rentabilité de petit boutiquier. J’ai connu en décembre 1969 une épidémie de grippe survenue la dernière semaine avant les vacances de Noël.
J’étais alors en stage en salle d’op’ d’ORL et l’anesthésiste qui travaillait normalement avec nous devait assurer la surveillance de 3 salles en même temps, ses collègues étant dans le fond de leur lit. J’imagine que dans tous les services de l’hôpital Tenon les effectifs subirent pareille décimation.
Cette grippe fut loin d’être anodine : j’appris à mon retour de vacances que la fille, âgée de 19 ans, de la panseuse sous les ordres de laquelle je travaillais en était morte.
Cela me fit de la peine parce que j’appréciais beaucoup cette femme car tout en étant stricte sur le plan du travail et de l’asepsie, elle savait être gentille, reconnaissait le travail bien fait et était toujours été disponible pour répondre à mes questions de néophyte en m’apprenant beaucoup de choses sur les différents instruments et autres techniques ainsi que les divers procédés de stérilisation utilisés, pourquoi et comment. Ce qui m’a été fort utile tout au long de ma vie professionnelle.
Je fus moi-même rudement atteinte et j’étais loin d’être la seule : la moitié de l’école d’infirmières qui comme moi était logée à l’internat de l’école dut soigner l’autre ! Ce fut même ma sœur qui me fit les injections d’antibiotiques que l’on nous imposa pendant une semaine.