Malgré la la multiplication des annonces ministérielles, le 9-3 n'a pas rattrapé son retard en termes d'emploi, d'éducation et de sécurité. 4 ans après la crise des banlieues, la Seine-Saint-Denis connaît toujours une situation exceptionnelle.
Forcément, cette Radiographie sans tabous du département français le plus visité par les ministres de la République, radiographie réalisée par le journaliste Luc Bronner pour Le Monde, m'a perturbée.
Son constat en 6 points (L'immigration, comment faire face ?, Les bureaux de cadres blancs, la face cachée du "9-3, Un département sous perfusion publique, Laboratoire du futur qui manque de moyens pour le présent, Sécurité : la violence, un combat jamais terminé, La crise, ultime paradoxe) est malheureusement celui d'une triste réalité.
La réalité de l'un des départements les plus pauvres de France, celui que les médias citent en exemple pour illustrer le moindre mal français, celui aussi que les médias ne montrent quasi pas, quand il s'agit de mettre en avant de belles initiatives pour s'en sortir (cf chronique téléclichés).
Il y a le feu à la baraque ! pour reprendre un terme cher à Philippe Dallier, un sénateur-maire du 9-3 qui n'a pas la langue dans sa poche (chronique ici). Un terme et des explications, que je lance parfois comme des appels au secours, lorsque j'en ai la possibilité, quand je participe à des débats et autres conférences.
Questions à un million d'euros :
- Combien coûte l'éradication de la misère humaine et sociale, à travers l'éducation et la formation ? Et combien coûte le fait de mettre un policier dans chaque lycée de France ?
Et combien coûte la construction de prisons ou les versements d'allocation, plutôt que d'avoir investi dans l'accompagnement scolaire, ainsi que des formations et primes pour les professeurs ?
- A quand la fin de la démission quasi criminelle des pouvoirs publics et l'absence d'un véritable investissement, le tout soutenus par le Yalta territorial des partis politiques (garde tes R-mistes, je garde mes ISF-ables, à chacun son mandat et ses électeurs qui vont avec).
- Le Grand Paris sera-t-il un levier pour apporter la mixité sociale, là où il n'y en a pas (dans les ghetos de riches, comme les ghettos de pauvres) pour mettre fin aux apartheids urbains dont sont victimes les habitants de la région qui produit pourtant 30% du PIB français ?
Ou Le Grand Paris sera-t-il un moyen (de plus ?) de maintenir les ghettos, comme par exemple à Saint-Ouen, où le Maire de Paris à prévu (avec l'accord du Maire de Saint-Ouen), comme ses prédécesseurs pourtant du camp opposé, de construire envrion 4 000 logements sociaux dans 14 tours de 16 étages avec vue imprenable sur un incinérateur de déchets et une usine de chauffage urbain (cf. chronique ici).
C'est vendredi, et vous l'avez compris, cet article du Monde m'a mise en colère : La seine-Saint-Denis appartient peut-être au G20, mais je me demande bien pourquoi la volonté politique y semble 20 fois plus timide (ou limitéé aux déclarations d'intentions), au point de nous prendre en otage, nous les Outres-Périphéens, dans la "prison" du dogmatisme politique.
A quelques jours des 20 ans de la chute du mur de Berlin, j'aimerai simplement pouvoir croire encore dans la force des hommes et des femmes, pour casser (encore) d'autres murs mentaux et physiques.
Et vous, vous en pensez quoi ? La banlieue vous fait-elle peur ?