Il y a des films qui ne dépareraient pas un mercredi soir sur le service public, leur quantité de bons sentiments étant inversement proportionnelle à leur qualité cinématographique. Deux vies plus une est de ceux-là : si on peut difficilement nier la sincérité totale avec laquelle Idit Cebula a construit son film, on peut également s'en battre l'oeil, ennuyé par une histoire mille fois vue ailleurs et choqué par un filmage sacrément brouillon. En fait, il est difficile de saisir quelles sont les intentions de la réalisatrice. Car Deux vies plus une n'est ni assez drôle pour être une comédie, ni assez profond pour tenir au corps.
Le scénario du film ressemble à l'adaptation d'un Je Bouquine, ces petits bouquins pour ados regorgeant de crises familiales, d'anecdotes plus ou moins captivantes et de vieilles mémés complètement zinzins. Sauf que le film vise apparemment un public adulte, qui trouvera difficilement sa place devant ce festival de scènes sans épaisseur. On se console comme on peut avec les prestations des seconds rôles, peu exposés mais parfois amusants : Jocelyn Quivrin est décidément un acteur plein de promesses, et la seule présence de Jackie Berroyer peut suffire à sauver un film. Au premier plan, Emmanuelle Devos et Gérard Darmon montrent quant à eux des signes de léthargie profonde, comme si eux-mêmes n'étaient pas convaincus par le propos d'un film désespérément plat comme un journal d'écolière.
3/10
(également publié sur Écran Large)