Il n’y a pas de club en France qui fasse autant parler et écrire que l’Olympique de Marseille. Le club phocéen est celui qui est le plus cité en France dans les différents médias. Et surtout, il est le club préféré de la population française* (Enquête FF en 2008). Une cote d’amour véritable qui est finalement assez récente dans l’histoire du football. Cependant le club attire aussi bien les critiques et il est aussi détesté par l’autre partie du public dirigée par des médias.
L’OM c’était quoi :
Magnusson , la légende de l'OM
L’OM n’est pas le seul club qui a existé en France. Il y a eu Reims et St Etienne ; le club de Marseille au début des années 80, faisait partie des bons clubs du championnat de France mais n’était pas la référence. Le club, après une période de titres entre 60 et 73 , végétait entre la 1ère et la 2ème division. Noyé dans un ventre mou, il jouissait déjà d’une réputation nationale. L’équipe du Sud brillait souvent par l’intermédiaire de ses joueurs et surtout défrayait la chronique par son esprit purement sudiste et provincial. Une cote de popularité qui cependant ne dépassait pas trop les limites des Bouches du Rhône, tant les attentions étaient Cristallisées autour de St Etienne le Finaliste de la C1 (1976), le club phare en France. Jusqu’en 1983 St Etienne était la référence. Une descente aux enfers, et la place fut libérée. L’excellent intérim de Bordeaux (3 titres et une demie en C1), ne laissa pas une trace dans les cœurs des français, très partagés déjà par une génération de Rémois nostalgiques, et une génération en berne de Stéphanois (Sainté étant relégué en D2). Mais surtout, nous étions en pleine communion avec la bande à Platini.
1986, TAPIE , la Rose et Mitterrand
Tapie prend le contrôle de l'OM
Bernard Tapie l’homme d’affaire en vogue des 80’s, reprenait le club grâce à l’action de Gaston Deferre, le maire de Marseille socialiste. L’année 0 de l’OM que l’on connaît aujourd’hui. Évidemment, une méthode différente et une entrée dans une ère de sport business pour le club phocéen. La pluie de francs déversée dans les caisses du club allait permettre à l’équipe de faire venir des grosses têtes d’affiches nationales, européennes et mondiales (On parlait même de Maradona en 1986 !).
La légende se construisit. Marseille réussissait en 89 à faire trébucher Bordeaux la bourgeoise, et le club concluait sur une finale épique en 89 contre Monaco (4-3). La cote d’amour grimpa subitement. Tapie qui clamait : « la coupe d’Europe sera marseillaise dans les 2 prochaines années ».
Marseille avait profité durant ces années de l’aura de Tapie et de son parcours fulgurant au sein du gouvernement de Mitterrand. Marseille la ville de gauche promise à Tapie, s’opposait finalement à Paris, la ville de droite de Chirac, ennemi du pouvoir. Paris SG racheté en 90 par Canal +. Le duel pouvait commencer. Papin l’idole marseillaise devenait Roi de France.
1990 à 1993, La province qui gagne
En pleine période de loi sur la décentralisation (1990-1992) Marseille, la deuxième ville de France, souffrait toujours de son image de ville à caractère difficile. Marseille n’était pas une ville propre. Opposée souvent aux riches bourgeoises du grand ouest (Bordeaux et Nantes) , Marseille n’attirait que très peu d’investisseurs et surtout la ville fut totalement ignorée du plan de décentralisation des institutions françaises. Marseille la perdante, finalement aux mains de Tapie qui, lui même glissant sur le chemin politique, combattait le Front national très présent. Mais l’OM avait le football, et continuait à gagner. La cote d’amour était immense ; le club chute en finale de la C1 ; Basile qui pleure ; la France devenait phocéenne.
Mais en 1992, le club du Paris SG commençait à montrer les crocs. L’excellente génération de l’époque brillait en championnat et Canal orchestrait. Tapie bien conscient du plus que pouvait apporter une émulation dans le football français, s’engouffrait dans la brèche. Le Classico naissait ( Bordeaux de Bez en 91 est relégué en D2, St Etienne en errance totale). Paris SG était là.
Tapie gagnait sur tous les tableaux, le jouet de Mitterrand fonctionnait à merveille, et la France du foot se portait bien.
OM / PSG
L’année 93 est l’apogée de la côte d’amour de l’OM. Le club, 4 fois champion de France, brillait partout, et surtout maltraitait Paris en championnat. Le duel était devenu important. Marseille et ses supporters fidèles défiaient les Parisiens et leurs supporters considérés comme des voyous à la solde des extrémistes. La mise en scène des matchs atteignait parfois le ridicule. Le match était sujet à des bagarres la plupart du temps.
Marseille se devait, pour venger la province, de mettre Paris à terre. Le problème était que Marseille et Tapie s’étaient déclarés capitale de l’autre France, et ça grinçait des dents un peu partout. Tapie agaçait aussi bien à droite qu’à gauche, et il devenait gênant.
Cependant le 26 Mai, l’OM remportait la C1, et 4 jours après, Paris tombait au Vélodrome. Les prémices d’une opposition à Marseille naissaient.
L’OM responsable de tous les maux
L’affaire VA-OM mettait un coup d’arrêt définitif à la machine à gagner olympienne (plus de titre depuis 93). Et le tsunami médiatique allait plus qu’égratigner l’image du club ; et cela de façon encore visible aujourd’hui. Mais, cependant, ce ne fut pas le seul élément.
Le titre est retiré, mais bizarrement pas remis au PSG. Canal + avait eu peur à l’époque de perdre une partie de ses abonnés qui auraient vite fait l’amalgame entre le club et son sponsor diffuseur.
La défaite de la France en coupe du monde 94 et son élimination en 93 allaient encore ternir l’image. Dans une quête quasi inquisitrice, la presse mettait à jour le fait que l’équipe de France était scindée en deux. Parisiens et Marseillais se retranchant derrière des clans, pour finalement détruire l’osmose de l’équipe nationale. Marseille, de par ses ennuis, fut montrée du doigt. Le club à la dérive financière et à la dérive tout court, s’attendait, en 94, à la décision de la ligue professionnelle de football de se faire rétrograder.
Chose faite et par des instances que l’on jugeait, à l’époque, pro parisienne et pro PSG. Chose finalement normale, dans une histoire de corruption. L’OM était sur le banc des accusés.
Président la LFP en 94, Legreat pris la responsabilité de faire rétrograder l'OM.
Le purgatoire et le changement d’état d’esprit du football français
Une chose que Marseille n’avait pas comprise en 94 en France, c’est que le football français, de par son échec au mondial Américain, avait entamé une politique de formation qui allait porter ses fruits. Les titres de la jeunesse nantaise et auxerroise en 95 et 96 répondaient à la puissance de l’argent parisien. Paris champion en 94, ne le fut plus, malgré l’absence de l’OM.
De retour en 96, l’OM ne prit pas cette voie. Le club continuait à miser sur des valeurs sûres (plus ou moins). Mais en 3 ans, les choses évoluaient vite. Marseille n’attirait plus, et le football français encore moins. Le retour des clubs anglais et la puissance financière des Espagnols et Italiens reléguaient l’OM à sa position d’avant l’ère Tapie. Les fans avaient quitté le navire, et les restants entrèrent dans une phase de nostalgie. L’OM rejoignait les Reims et St Etienne.
L’OM malheureusement, et dû à son image, continuait à fonctionner différemment des autres clubs français. La pression mise autour du club était toujours présente et en 98 ; elle devenait plus forte avec l’arrivée d’un gros sponsor (Adidas).
Dégradation de l’image du club et une pression étouffante
Avec une assise financière, Marseille redevenait, de facto, une place du football français. Des résultats en dents de scie en championnat, mais une fougue en coupe d’Europe qui forçait l’admiration (finale de C3 en 99). L’OM était toujours là.
Cependant la ville orgueilleuse ne pouvait s’empêcher de s’en vanter mais, à la différence des années Tapie, elle ne maîtrisait pas son championnat. Des échecs très lourds la réduisait au rang de bonne équipe. Bordeaux aidé de Paris en 99, mis une banderille sur le club. Le titre d’une saison pleine s’échappait en Gironde. Mais cette saison fut finalement plus néfaste qu’autre chose. La joie qui avait de nouveau envahi les supporters allait devenir une arme contre les équipes qui suivirent. L’OM frôlait la relégation les années suivantes (16eme en 00 et en 01). Le championnat de France devenait pratiquement illisible car même le rival Paris n’arrivait pas à accrocher le titre. La pression étouffante et le relais de la presse qui jouait finalement un rôle malsain ont fait reculer l’OM sur l’Échiquier du football français.
Comme une mauvaise habitude, l’OM renouera avec les histoires. Malversation et détournement d’argent, faux transferts, l’OM ne peut s’empêcher, l’image en reprendre un coup.
Courbis purge actuellement sa peine de prison
La cible marseillaise
Durant les années lyonnaises, on a assisté un phénomène surprenant en Europe. La meilleure équipe, et de loin, française, n’avait que très peu le soutien de sa propre population. Lyon souffrait d’un déficit d’image par rapport à sa voisine du sud : Marseille. La position lyonnaise était assez difficile. Très proche de Saint Etienne qui avait réussi à monopoliser l’attention dans la région, et très proche des exploits Marseillais et Parisiens en coupe d’Europe. L’OM était toujours numéro un mais, là où il manquait un exploit à la stéphanoise en coupe d’Europe pour Lyon, il manquait un titre à l’OM. De 2002 à 2009, l’OM commençait son rétablissement sportif et financier. Une politique de recrutement moins spectaculaire (au vu de l’inflation des transferts en Europe) rendit finalement aux Marseillais un crédit d’image. Le club jouait finalement avec ses moyens. Là était le problème encore. Loin d’un budget de Lyon, l’OM ne pouvait que contenir l’équipe d’Aulas qui, du coup, se gaussait de maîtriser l’OM , comme Tapie l’avait fait avec Paris dans les années 90. Retour de bâton pour le club olympien.
Aujourd’hui c’est quoi l’OM ?
Loin d’avoir retrouvé sa cote de popularité d’antan, émiettée entre Lyon, Nantes, Paris et Bordeaux, l’OM est avant tout l’un des clubs phares du championnat. Considéré comme le plus grand dû à sa victoire en C1, il ne l’est pas statistiquement dans le championnat français. Cependant, l’OM, c’est le club qui a fauté en 93, mais il ne fut pas le seul à être pris dans ce genre de malversation que le football nous offre. On oublie vite les histoires de caisses noires à St Etienne et Bordeaux, ainsi que le problème toujours présent des supporters parisiens, sans oublier des problématiques médicales de l’Olympique Lyonnais. Cible médiatique, car les Marseillais sont finalement d’assez bons clients pour des médias aimant le sucré d’une déclaration exploitable au sérieux d’un club. Marseille paye toujours de son statut de ville à part en France, brocardée au cinéma et à la télévision.
L’OM, c’est encore Tapie. Loin des affaires du club depuis plus de 10 ans, son ombre plane toujours sur la ville et le club. L’OM est un club de tricheurs, et cette image lui colle.
Très peu pardonnent au plus grand club français l’erreur de 93, mais très peu finalement ont quitté le navire. On vous parle forcément d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 30 octobre à 21:55
je suis rarement critique quant à un article sur un blog. Pourtant je dois signaler que celui-ci est plein de faux-semblant et de raccourcis. UN exemple ? l'OM n'a pas connu de désamour du public. Elle reste synonyme des plus grosses audiences TV. l'année dernière et depuis quelques années d'ailleurs, l'om est le club le plus diffusé par C+.