Récemment convoqué en équipe de France, Hatem Ben Arfa régale à chaque fois qu’il est sur le terrain. Le jeune gaucher espère donc un temps de jeu plus conséquent. Et Alain Perrin ne va bientôt plus pouvoir se priver de son talent.
Pour un journaliste, assister à un entraînement professionnel donne parfois le sentiment de perdre son temps. A fortiori quand il se déroule sous une pluie battante. Et puis parfois surgit un geste venu d’ailleurs qui sauve les deux heures passées à se tremper. Joueur à la facilité insolente, Hatem Ben Arfa a ce don de transformer une matinée orageuse en un moment rare. La semaine dernière, lors d’une opposition, le jeune gaucher a éberlué l’assistance et ses coéquipiers. Parti de son camp, le gamin élimine trois adversaires qui finissent leurs tacles dans le vide avant de le voir se présenter dans un angle fermé devant Yohan Hartock. Le jeu réclame un centre en retrait. Mais après avoir levé la tête, Ben Arfa pose la semelle sur le ballon, exécute un râteau pour effacer le portier qui a anticipé la passe, et pousse le ballon délicatement dans le but.
Quelques minutes après cette prouesse, Hatem Ben Arfa répondait aux journalistes avec la même décontraction qu’il affiche sur le terrain. « L’entraînement est fait pour tenter des choses. Ensuite, il faut les reproduire en match. C’est l’efficacité qui prime. » Ben Arfa a changé. Il y a peu, la beauté du geste le guidait. Aujourd’hui, il a intégré cette notion de réalisme si importante au très haut niveau. Et c’est cette évolution qui fait de lui un candidat crédible au onze de départ de l’Olympique Lyonnais. Chacune de ses sorties accentuent d’ailleurs un peu plus l’impression que le prodige devient indispensable. A Metz, sa belle prestation devait lui permettre d’enchaîner mais Alain Perrin en décida autrement. Ni à Barcelone, ni face à Lille ou Lens, Hatem Ben Arfa n’a eu le privilège de débuter la rencontre. « Après 90 minutes, j’avais envie d’enchaîner les matchs, avoue-t-il. C’est comme ça qu’on prend ses repères dans une équipe. »
Des clubs étrangers se renseignent
A Bordeaux puis face à Monaco, Ben Arfa était titulaire. Face aux Girondins, il a délivré une passe décisive à son pote Benzema et a provoqué le coup-franc qui a amené le troisième but. Après ça, comment Alain Perrin pourra-t-il se passer de lui ? Au contraire de Kader Keita, Ben Arfa est libéré. Il provoque balle au pied, dribble, accélère le jeu et délivre de bonnes passes. Atout supplémentaire : Juninho ne cesse de vanter ses mérites. Et le jeune milieu de terrain ne se cache plus : « Je suis prêt à être titulaire. J’ai envie de jouer. Je suis prêt mentalement et physiquement à mouiller ce maillot mais c’est le coach qui décide. Je ne ressens pas d’injustice. Simplement, j’ai 20 ans et j’ai assez patienté. »
A l’instar de son copain Benzema, Ben Arfa n’a plus de temps à perdre. On le sent plus mature. Moins timide devant les micros et conscient qu’un vent favorable souffle, Ben Arfa prend ses responsabilités. Après la défaite face aux Rangers, il fut le premier à se présenter devant la presse pour livrer son analyse. Comme un cadre qu’il n’est pas encore, il a dénoncé la prestation de l’équipe et annoncé qu’il avait « confiance en ce groupe ». Aura-t-il l’occasion dans les prochaines semaines de poursuivre sur sa lancée ? Si l’OL ne lui en offre pas la possibilité, Hatem Ben Arfa pourrait écouter les sirènes qui chantent autour de lui. Des clubs étrangers ont repéré sa situation bancale. Certains se sont renseignés auprès de son entourage. Déçu par son temps de jeu, Ben Arfa, sous contrat jusqu’en 2010, a prévu de faire un point lors du prochain Mercato. L’OL serait bien inspiré de le faire changer d’avis…
Ivan BONET (But! Lyon)