→ C’est avec un peu de retard et dans un Club à moitié rempli que la soirée commence. The Invisible doit convaincre un public qui, pour la plupart, ne les connaît pas. Ce trio aux silhouettes atypiques rappelle un peu The Rapture : comprenez une basse funky, une batterie imparable où la cloche sonne le glas de toute résistance et parfois, une attention à l’enchaînement des titres. Les Londoniens varient la structure de leurs morceaux construits soit autour d’une répétition soit à partir d’une progression transformant par exemple une chanson aux débuts louchant sur un post-punk posé qui finira dans un rock brut.
Tout cela délivré avec un flegme incroyable. Pas de grimaces ou de grands mouvements sur scène ; bien que le batteur ait visiblement du mal à contrôler son énergie au point de perdre une baguette. Si de temps à autres, la guitare est aérienne ou bien survient une mélopée électronique, ne vous y trompez pas, il y a là de la vigueur. La magie prend, pour preuve l’exécution du single London Girl où on ne questionne plus leur maîtrise du public, captivé au moindre crescendo. Bien sûr, on retiendra, pour être justes, quelques défauts. Le chanteur annonce tôt qu’il a mal à la gorge et l’on pourra regretter qu’il n’ait pas les pleines capacités de sa voix légèrement raillée. De même les choeurs, à partir de la deuxième partie du set, deviennent presque inaudibles… Seul blâme à porter à un Aéronef où le son fût impeccable de bout en bout. Les titres sont inégaux, certains mériteraient sans doute d’être raccourcis mais lorsque le final, une entêtante instrumentale, s’achève, The Invisible nous manquent déjà.
Sans introduction, Micachu & The Shapes débutent leur set. Encore une fois, peu de chichis scéniques alors que leur musique semble calibrée pour la danse en dépit d’abruptes changements mélodiques. Se faisant faces, les juvéniles Shapes intriguent avec leurs échanges de regards. Une intimité que recherche visiblement la charismatique chanteuse, faisant parfois dos la fosse. L’androgyne Micachu se frustre de ne pouvoir produire un set plus fluide, en cause des guitares qui semblent se désaccorder aussitôt qu’un titre finit. Pourtant on est bien content qu’il n’y ait que le fameux Lips qui soit joué de manière expéditive (en moins d’une minute). Le plaisir se transmet visuellement aussi car leur son est bâti sur des détails, jamais gratuits, que les trois membres préfèrent à une profusion confuse. Leur musique apparemment simple mais pas simpliste s’illustre notamment lorsque la Shape frappe des bouteilles en verre que l’on s’attend à voir exploser avec imminence.
Les influences se seront formées pour sûr auprès de The Slits mais on reconnaîtra une certaine attitude shoegaze et bien évidemment un goût pour l’electro. Une diversité également présente dans le chant le temps d’un morceau (où d’ailleurs Dave de The Invisible les rejoint à la guitare) où la voix cassée s’envole au lieu de poser avec nonchalance les paroles. Largement plus déçue que nous (si ce n’est par la maigre durée du concert), Micachu lancera “You sure?” avant d’attaquer un court rappel.
En somme une très bonne soirée, où les têtes auront hoché, dodeliné, bref approuvé.