14 octobre 2009
La naissance du GIA
Si la préhistoire du GIA est approximative, son histoire est certaine : les Algériens " Afghans " retournés au pays jouèrent un rôle décisif dans sa constitution. Regroupés au temps du FIS au sein au poste dafghanes " du mouvement dans un entretien accordé à la revue du groupe
de Takfîr wal Hidjra, (Excommunication et Exil), dont les fiefs furent la mosquée baptisée " Kaboul " (Belcourt, Alger) et la mosquée " El Chafaï " (El Harrach, Alger), ils s'organisèrent dés le commencement de la guérilla islamiste sous l'autorité de l'ancien bouyaliste, Mansouri Méliani.Le groupe de Kada Benchiha, appelé " La Défense du Bien et l'interdiction du Mal ", décide de se rallier à eux.
Le GIA a pour ancêtres deux premiers groupes islamistes algériens, celui de Moh Leveilley et de Mansouri Méliani. C'est l'unification de ces deux derniers, ou plutôt de ce qui en restait après leur démantèlement par l'armée, qui donnera sa première forme au GIA. Une réunion s'est tenue en septembre 1992 à Baraki (Banlieue d'Alger) et désigna Abdelhak Layada Layada se démarquera pourtant du FIS dés son premier communiqué : " Nous ne sommes pas l'aile militaire du FIS (...) le GIA possède sa propre organisation ". Sur le plan politique, il définit les références " 'émir national du GIA. C'est l'acte de fondation de l'organisation. Etaient notamment présents Omar Chikhi, Djaâfar al Afghâni et Sid Ahmed Lahrani. Layada, qui porte le nom de guerre d'Abou Adlane, est tôlier de profession, originaire de Baraki. Il sera le véritable architecte de cette organisation, puisqu'il la dotera d'un organigramme, d'une publication clandestine ( Al Chahâda) et d'un texte qui fixe ses statuts. Le groupe obtiendra lacaution religieuse d'Ikhlef Cherrati (imam attitré du FIS). Al bjectifs. Chahâda (en mars 1993). Les moudjahiddine afghans sont pour lui les seuls à avoir réalisé la plupart de leurs o
L'Algérie est divisée en plusieurs zones militaires, à la tête de chacune préside un
Voici comment un membre fondateur du GIA encore vivant, Omar Chikhi, raconte cet épisode :
" Après la mort de Moh Léveilley, Abdelhak Layada m'a contacté par l'intermédiaire de Djaâfar El Afghani. La rencontre a eu lieu à Alger, où il m'a fait part de son vœu d'unifier les rangs. Il m'a révélé que sa tentative de ramener Chebouti a échoué et m'a demandé de convaincre les troupes de Mansouri Meliani, alors en prison, de la nécessité d'activer sous une seule direction. Il m'a proposé sa maison à Baraki pour cette réunion. Je connaissais tous les éléments de son groupe qui étaient en majorité d'anciens afghans. A cette première réunion, il y avait Ali Zouabri (le frère de Antar), Djaâfar El Afghani, Abdelhak Layada, Brahim Zekioui, un certain Mounir, très proche de Meliani, Fethi, Sid Ahmed Lahrani (ancien responsable du FIS) et moi-même. Le groupe de Chebouti a refusé de se joindre à nous. Nous avions désigné Layada comme émir, et les éléments de Meliani, chargés de l'organique du fait de leur expérience dans le domaine. C'est Lahrani qui a proposé le nom de groupe islamique armé. Layada a accepté et déclaré la naissance du GIA, en 1992. Layada en tant qu'émir a nommé Lahrani, thabet echariî (exégète). Il a rédigé le premier statut du GIA et m'a chargé de sa direction pour la wilaya de Bouira " (Omar Chikhi, 1999, cité d'après Salima Tlemçani, El Watan 14 mars 2006)
Layada nomme comme proches collaborateurs d'anciens " Afghans ", tous promus à une triste réputation, tels Djaâfar al Afghâni (futur émir, de son vrai nom Mourad Si Ahmed [il étaitgendre de Mansouri Méliani, lequel était beau-père de Bouyali]), qui a passé 5 ans en Afghanistan sous les ordres de Gulbudîn Hikmatyar, et Cherif Gousmi, " Le Boiteux ", également " Afghan ". Il met ensuite à la tête de chaque région (ou zone militaire) les responsables suivants :Sayeh Attia et Sid Ali Benhadjar pour Médéa et Aïn Defla. Layada se vantait d'avoir sous son commandement 600 terroristes. Son organisation ciblait évidemment les (13 mai 1994), il se proclama " seul cadre légal du
- Kada Benchiha et Abdelnacer Eulmi pour l'Ouest Algérien - Ali Zouabri et Mustapha Kertali pour la Mitidja - Abdelkader Hattab pour L'Est-Algérois -
En 1994, le GIA réussit avec ses 10 000 combattants à réunir les autres groupes armés sous son autorité. Au cours d'une
ashab al kaskita (" les gens à la casquette " ou à l'uniforme), c'est-à-dire les corps de sécurité, mais aussi les intellectuels, les journalistes, les femmes " occidentalisées ", les civils soupçonnés d'être des " traîtres " à la cause islamiste et les étrangers. Elle connaîtra une ascension fulgurante durant l'année 1993 et deviendra vite le principal acteur du djihad sur le terrain. rencontre dite de l'unité
Les émirs du GIA, plus sanguinaires les uns que les autres, sont les suivants : djihad en Algérie " et força les groupes rivaux à se soumettre à l'émir de l'époque, " l'Afghan " Cherif Gousmi, qui n'avait que 26 ans. Parmi les chefs lui ayant fait allégeance figure, au nom du FIS, Mohammed Saïd (50 ans) et Abderrezak Redjam.
-Natif de Msila, il est le fondateur du GIA. Il était tôlier de profession et auditeur habituel des prêches d'Ali Benhadj avant l'arrestation de celui-ci. Il se retrouve adjoint et chauffeur de son ami Moh Leveilley dés le début de la guérilla. En sept. 1992, il fut désigné par ses acolytes émir national du GIA et a eu sous son commandement 600 combattants islamistes. C'est lui qui trace l'organigramme du groupe, ses statuts et ses objectifs. Il nomma à ses côtés d'anciens " Afghans ", tels Djaâfar al Afghâni et Chérif Gousmi. Parmi les actions du GIA sous son " émirat " : l'attaque de la caserne militaire de Boughzoul (22 mars 1993) ; assassinats de plusieurs intellectuels et journalistes ; Dit aussi Imam de la mosquée de Birkhadem, ancien cadre du FIS, il fut, contrairement à ses prédécesseurs, un homme instruit et versé dans l'exégèse. Déporté vers les camps du Sahara, il rejoint à son retour les groupes armés. Nommé émir à 26 ans, il fut béni par Ali Benhadj, leader du FIS, et il consacra ses efforts à la réunification de toutes les tendances du Cet ancien militant du FIS de la ville de Birkhadem (banlieue ouest d'Alger) est le fils d'un éleveur de volaille. Sa maîtrise de l'arabe littéraire et sa culture religieuse étaient limitées. Il fut interné dans les camps du Sud algérien et, à sa sortie, il rejoint les groupes armés. Il accéda au poste d'émir dans des conditions contestées. Il tenta de redorer son blason avec la prise d'otages de l'Airbus (1994) et son exportation de la guerre vers le territoire français (été 1995). Il fut exécuté par son lieutenant suite à des purges qu'il mena au sein de l'organisation. Parmi les actions du GIA sous son émirat : l'affaire de l'Airbus d'Air France, la guerre sur le sol français, l'assassinat des moines de Tibhirine, début des massacres de civils, purges sanglantes au sein du GIA, etc. Frère d'Ali Zouabri, qui a fondé l'un des premiers groupes armés (" Groupe de la Mitidja "), Antar Zouabri, natif de Haouch el Gros (Boufarik), a été un activiste du FIS depuis son adolescence. Il a fait partie des islamistes envoyés par Ali Benhadj en Irak. Après son retour, il rejoint divers groupes armés. Proche de Zitouni, il accéda à la charge d'émir à la mort de celui-ci et mit à mort quiconque osa contester son autorité. Il trouva en Abu Hamza l'Egyptien, l'imam de la grande mosquée de Finsbury Park (Londres), un allié qui lui prodigua les fatwas dont il avait besoin. Il fait éditer un texte, Quand Rachid Oukali prit le commandement du GIA, il ne restait plus de l'organisation qu'une soixantaine d'unités combattantes, composées de 4 à 6 hommes. Malgré un règne bref, cet ancien chef de la Katiba El Khadra (La Brigade Verte) a organisé avant son émirat un nombre incalculable d'assassinat et d'attentats et a participé à des massacres de civils. Il a été éliminé par ses lieutenants au cours d'un différend sur le partage du butin.Natif de Boufarik, il a rejoint le maquis en 1993 et a été membre de la tristement célèbre
[l'article ci-contre du Soir d'Algérie annonçait sans doute une information erronée, puisqu'Abou Tourab n'a jamais été arrêté à ma connaissance]
-
Katiba El Khadra et de la garde prétorienne d'Antar Zouabri. Il accède à l'émirat après la mort de Rachid Oukali. Il est arrêté le 4 novembre 2004 suite à une opération des services de sécurité à Bab Zouar, où l'un de ses complices, Guechniti Redouane, a été éliminé. Au cours de la même opération, on a récupéré de d'or (transformé en lingots) que Boudiafi a reconnu, au cours de son procès, provenir des victimes des massacres collectifs de civils. Près d'un mois plus tard, Chaâbane Younès dit Lyès, " fraîchement intronisé à la tête du GIA ", a été abattu à son tour le 1er décembre 2004 à Chlef. Il sera le dernier émir du GIA.
-
Le sabre tranchant, dans lequel il déplore l'égarement de la société algérienne et son ralliement aux impies. Il ordonne les horribles massacres de civils de l'année 1997. Sa longévité à la tête du l'organisation fait du GIA une secte apocalyptique et eschatologique ; ce qui n'a pas empêché l'armée de l'abattre en février 2002 à Boufarik.
-
-
Sayf Allah, " L'épée de Dieu ". Né à Alger, dans un quartier de Kouba. Il part en Afghanistan où il combat pendant 5 ans sous les ordres de Gulbudîn Hikmatyar. A son retour, il rejoint le FIS puis le groupe de Mansouri Méliani. Il fut nommé émir national dés l'arrestation au Maroc d'Abdelhak Layada et choisit Chérif Gousmi et Mahfoud Tadjine comme adjoints. Il hérite d'une organisation en pleine ascension. Il condamne à mort les intellectuels et journalistes (" celui qui noud combat par la plume périra par la lame "). Parmi les actions du GIA sous son " émirat " : l'évasion de dizaines d'islamistes de la prison de Mers el Kébir (16 juillet 1993) ; assassinat de plusieurs intellectuels,journalistes et personnalités publiques;
-
Chérif Gousmi dit Abou 'Abd Allah Ahmed (mars - octobre 1994)
djihad. Il essaya d'instaurer des " zones libres " où le GIA faisait sa loi. Parmi les actions du GIA sous son " émirat " : la grande évasion de la prison de Tazoult (Lambèse), 1200 islamistes libérés ; les assassinats d'étrangers (marins italiens -
C'est un émir par intérim pour ainsi dire, sans grande importance, suscité par le jeu des rivalités entre Djamel Zitouni et ses concurrents. Certains assurent que Zitouni était lui-aussi nommé émir temporaire, en attendant une réunion du Conseil Consultatif National pour désigner le vrai émir.
-
-
Mis à part les actions d'éclat, qui nécessitent le concours de dizaines d'hommes, les GIA opèrent le plus souvent en désemparée face à un tel ennemi.
petits groupes mobiles et insaisissables (de 3 à 10, maximum 20 hommes). Cela permet d'éviter une confrontation directe avec l'armée. Cette dernière, entraînée à une guerre classique, s'est trouvée du coup -
Dans leur organigramme, les GIA sont chapeautés par unémir national. Le pays est ensuite divisé en plusieurs zones et à la tête de chacune se trouve unémir régional, qui a à sa disposition plusieurs groupes plus ou moins autonomes. Dans les faits, les dissidences sont nombreuses. Un comité législatif islamique, comportant le plus souvent un seulmufti ou thâbit chr'iy (législateur), est chargé d'émettre des fatwas (avis juridiques) rendant licites les actions entreprises par l'émir. Le mufti a aussi la charge d'endoctriner les nouvelles recrues et de les exhorter au djihad.L'émir national, protégé par une garde prétorienne, est le véritable tyran du groupe. Il punit de mort toute personne suspectée de désobéissance ou de tiédeur. Théoriquement, son investiture se fait par une " moubâya'a ", une sorte de serment d'allégeance. Pratiquement, les émirs s'imposent par leur capacité de nuisance, leur dangerosité, leur richesse et leurs soutiens au sein du groupe. En cas de butin, l'émir prend un cinquième et choisit les meilleures femmes (qui font naturellement partie du butin).
-
Le GIA, contrairement aux autres groupes,
refuse l'action politique et préconise la guerre totale contre le régime et ses " suppôts " jusqu'à la chute de celui-ci. Son slogan est " ni trêve, ni dialogue, ni réconciliation possible ". Concernant les méthodes de cette guerre, il s'illustrera dans l'horreur la plus inhumaine par l'égorgement de ses victimes, les massacres collectifs d'innocents, la propagation de la terreur, la liquidation des rivaux et des récalcitrants, la recherche effrénée du martyr et le culte mystique de la mort . -
En raison de son assise sociale large, et des ramifications de ses réseaux de soutien (amis, parents, sympathisants, militants islamistes, etc.), les émirs du GIA ont une peur bleue des infiltrations des services de sécurité algériens. Une paranoïa de l'infiltration, due sans doute à l'infiltration par la police du groupe de Bouyali pendant les années 1980, a conduit certains émirs à mener des purges sanglantes dans leurs propres rangs. L'accusation d'être une taupe du DRS (organisme de renseignement algérien) est sans doute l'une des plus meurtrières au sein des maquis islamistes. Quand les coups des services de sécurité se font sévères, les émirs font appel de nouveau aux réseaux de soutien et au petit peuple de sympathisants toujours disponibles. Cela explique la capacité qu'ont les GIA à renaître de leurs cendres.
-
Le GIA recrute non seulement des islamistes convaincus mais aussi des éléments de la
" pègre " algérienne. Voyous, alcooliques, délinquants, repris de justices, etc. sont fanatisés, " recyclés " et orientés vers le djihad. Très souvent, ces " recyclés " deviennent des guérilleros d'une redoutable efficacité. " Le banditisme, écrit Khelladi, devient le bras séculier de l'intégrisme religieux " (p. 203). -
Pour forcer le respect des camarades d'armes et s'imposer au sein des GIA, il faut frapper les esprits, accomplir des actes particulièrement cruels et surpasser ses camarades en sauvagerie contre le Taghout (le pouvoir, le tyran). Une émulation envers la cruauté s'installe ainsi au sein de ces groupes, blanchie par la caution sacrée apportée par l'imam ou le mufti. Tout comme sont blanchis les instincts de violence des " recyclés " (anciens voyous, repris de justice, bandits, etc.), les rackets et les viols de femmes.
-
Pendant les attaques des populations, le GIA fait captives un certain nombre de femmes et de jeunes filles. Dans son interprétation de l'islam, elles font partie du butin de guerre et forment les sabaya , une espèce de réserve pour satisfaire les envies sexuelles du groupe. Un système d'alimentation sexuelle en femmes des maquis est ainsi mis en place. Les sabaya sont réduites en esclavage, vouées aux corvées du maquis, abusées sexuellement et violées collectivement. Elles sont enfin assassinées et remplacées dés qu'elles montrent des signes de grossesse. Celles qui se sont miraculeusement échappées pour rejoindre leurs familles se sont vues reniées par celles-ci pour cause de déshonneur et jetées dans la rue. Elles portent en effet souvent dans leur ventre des bébés, " fils de terroriste(s) ".
L'unification des rangs du [Da'wa = prédication] ; ainsi fera Kada Benchiha, qui proclama l'autonomie de son groupe, djihad sous la houlette du GIA fut de courte durée. La rivalité des émirs pour le contrôle de la nébuleuse islamiste et l'intensité de la cruauté et des massacres ont conduit un certain nombre de chefs islamistes à se séparer de l'organisation mère. Ainsi fera Sid Ali Benhadjar, avec Mustapha Kertali et Abdelkader Sedouki (émir du FIDA), qui créèrent la LIDD (Ligue Islamique pour la Da'wa et le Djihad) Houmaat aDaoua aSalafiyya (Les Protecteurs de la Prédication Salafiste, dit aussi HDS) ; ainsi fera surtout le GSPC, Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat, conduit par Hassan Hattab. Ce dernier groupe est promu à une triste célébrité, puisqu'il changera de dénomination en janvier 2007 pour devenir Al Qaïda au Maghreb Isamique, une organisation qui se réclame de Ben Laden et qui est toujours en activité sur le territoire algérien.