Le titre de cette note est également celui d’une chanson “facile” que j’ai en chantier en ce moment. Facile, parce que j’ai eu la musique en une quinzaine de secondes, plus une dizaine d’autres pour corriger les aspérités. Je dis que la musique est facile, parce qu’elle tourne de façon très simple, pour arriver à une petite suite de notes, dans laquelle il y a TOUT ce que je veux dire avec cette musique. Enfin … je le croyais jusqu’à ce soir quand je l’ai réécoutée.
Je sais bien que ce que je viens d’écrire est très obscur (c’est très clair pour moi …), alors je vais tenter d’illustrer ce que je veux dire.
Je suis un grand amateur des musiques qui disent tout en très peu de notes, qui laissent des abimes de silences entre les notes et les font ressembler à des perles nacrées, qui lancent des ponts suspendus dans le vide, des liens qui semblent fragiles et qui pourtant ne se rompent jamais … parce que, comme chacun sait, la vraie musique est entre les notes.
(ça n’est pas de moi, c’est du Monsieur qui a composé “Mia Speranza Adorata“).
L’exemple le plus parlant de cette façon de faire se trouve dans le Prélude n°4 de l’Opus 28 de Chopin (samplé par NTM dans “That’s My People”, soit dit en passant).
Comme j’ai déjà mis cette musique en extrait ici, je choisis ce soir de vous faire écouter “J’aurais tellement voulu“, interprété par Michel Petrucciani. Je l’ai aussi déjà mise ici, mais … je fais ce que je veux, c’est mon blog.
C’est le début qui illustre mon propos : cette suite de notes qui descendent et qui tracent le sillon d’un soleil qui s’éteint tout doucement … et qui renait, parce que Michel Petrucciani ne joue que de la musique qui VIT.
…
Le problème quand j’écris ce genre de notes, à partir d’un titre et de quelque chose que je ressens, sans savoir comment l’exprimer (autrement que par de la musique), est que je ne sais absolument pas de quoi je vais parler et surtout où je veux en venir. D’autres le sauront certainement pour moi, donc ce n’est pas très grave, finalement.
Je voulais parler de ces choses que je ne sais toujours pas dire … et que je n’arrive pas à écrire, bien entendu, sinon ça n’aurait aucun intérêt …
Pour cette chanson, à l’heure actuelle, j’ai simplement une ligne mélodique, qui tourne beaucoup et que je dois encore adoucir … parce qu’il y a certaines choses que je n’aime pas, des brutalités qui ne vont absolument pas avec le reste. Et puis j’ai ce petit passage de trois notes, qui est supposé contenir tout ce que je veux dire dans la musique, mais qui ne me convient pas, pour la bonne raison que … je ne suis pas certain de savoir ce que je veux dire.
Alors, il est probable que ce truc aille rejoindre mon stock de mélodies inutilisées et qui pourrait me donner 250 chansons, si j’arrivais à accepter le fait qu’on ne peut pas toujours faire une musique parfaite.
C’est qu’en fait, quand je compose une musique qui n’est pas le reflet exact de ce que je ressens, j’ai l’impression de me trahir, de me mentir. Et j’en ressens un malaise physique, comme en ce moment par exemple, parce que je suis complètement bloqué et que je n’arrive absolument pas à faire sortir le moindre mot, ni la moindre note valable.
Il y a 3 autres chansons comme ça actuellement, avec des musiques bien meilleures que le petit truc dont je vous parle depuis le début de cette note, et pour lesquelles j’ai exactement le même problème : pas de mots.
Alors je reste comme un con, avec mes musiques sans mots, à m’énerver tout seul parce que je ne veux pas trahir la musique et lui imposer des paroles de merde.
Et je les laisse comme ça, je joue les suites d’accords, je fredonne les mélodies en chantant n’importe quoi … et je me demande bien quand je vais être capable de les terminer.
Quand j’en ai vraiment marre, je joue “Un jour mon Prince viendra” au piano, et je ralentis le tempo … je le ralentis … parce que ce n’est que comme ça que j’arrive à me réchauffer et à retrouver …
Je ne sais pas pourquoi j’écris des conneries pareilles à propos de “retrouver“, parce que je suis rempli de tout ce que je ne sais pas dire.
Et puis, il y a tout dans cette musique, ça n’est pas un classique du jazz pour rien. Pour peu que l’on ait quelqu’une dans le coeur lorsqu’on la joue, elle réchauffe celui qui la joue. Et le fait sourire avec les yeux fermés, parce qu’il est assez naïf pour penser que même s’il est le seul à l’entendre, il n’est pas le seul à en ressentir la chaleur.
Dans le petit passage de trois notes “kiditou” du truc dont je vous parle dans cette note, les paroles sont “Do I Know ?“, répétées plusieurs fois. Et la chanson était supposée s’interroger sur les raisons que j’avais de croire, ou plus simplement si j’en avais besoin (l’objet de ma croyance ne regardant bien entendu que moi).
Je ne sais pas si je vais faire cette chanson ou si je vais arriver à écrire tout simplement des paroles qui voudront dire quelque chose.
Mais ça n’a pas vraiment d’importance, parce que j’ai l’impression que cette petite musique, même imparfaite, m’a donné la réponse que je cherchais : I DO need to believe.
Posted in De la Musique en particulier Tagged: musique
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 04 février à 14:13
Bonjour je suis tombé par hasard sur vos articles de Blog et leur lecture m'a passionné. Je me retrouve dans les descriptions de vos états d'âme de compositeur. C'est enrichissant, bien dit avec beaucoup d'humour.... Merci !