Il faut reconnaître qu'avec ses suhis et ses Pokémon, le Japon paraît relativement inoffensif. Difficile d'imaginer que quelqu'un puisse avoir l'idée de transposer
une oeuvre comme Mein Kampf en bande-dessinée et pourtant elles font fureur. L'ouvrage (intitulé Waga
Toso en japonais) s'est déjà écoulé à 45.000 exemplaires.
Malgré l'opposition du gouvernement allemand (lequel possède les droits de l'ouvrage jusqu'en 2015), les responsables d'East Press à Tokyo n'ont pas eu l'ombre d'un doute. On pouvait lire dans
Libération comment le patron d'East Press, Asahi Shinmbun,défend son choix : "Ce manga préfère présenter Hitler en tant que personne plutôt que de simplement le diaboliser en tant que leader
responsable de l'Holocauste". Pour lui cet ouvrage va dans la droite lignée de la collection "apprendre avec les mangas", qui compte déjà Le
Capital de Marx ou Dante. Il faut dire que le Japon n'a pas de législation concernant la discrimination ou les actes de racisme. De plus, au pays du soleil levant, Hitler est plutôt
méconnu et apparaît dans les ouvrages scolaires parfois comme un conquérant, une sorte de Napoléon. Il faut dire qu'ayant été membre des forces du mal dans ces années là, l'éducation reste aussi
discrète sur cette période que nous pour la guerre d'Algérie.
Le seul souci, c'est que le manga ne contextualise absolument pas l'ouvrage d'Hitler. On y trouve aucun texte de référencement, aucune notice. Le manga se contente d'exposer la vision
national-socialiste du leader. Et ce succès pose un autre problème : c'est qu'il n'est pas le premier du genre. En effet, on apprend dans Libération que la chaîne Mandarake, supermarché du manga
à Tokyo, étale depuis longtemps sur ses rayons des BD nippones à la gloire d'Hitler. Par exemple on retrouve une petite allemande aux airs de Candy portant au bras le fameux brassard orné d'une
croix. Fut un temps où Candy sentait bon la niaiserie et l'herbe des montagnes..