Je fais le parallèle entre l’histoire et l’auteur parce que, justement, c’est au départ ce qui m’a dérangé. Dès les premières pages, nous sommes à Port-au-Prince sous le régime de Jean-Bertrand Aristide, et ce mixte de la réalité (utilisant les vrais noms) avec la fiction m’a empêché de plonger. Comprenez-moi, ce n’est pas la sempiternelle question du vécu ou non, c’est plutôt cette impression de suivre un reportage, aussi palpitant soit-il, qui m'a tenu dans un état de lectrice de journaux, sollicitant mon côté rationnel. Et pourquoi pas, puisque c’est tout probablement un choix de Michel Jean ? À ce compte-là, j’avoue que c’est une affaire de goût ...
La deuxième partie est venue me chercher un peu plus. À son retour au Québec, à la sortie du vidéo choc qu’il a tourné au risque de sa vie, le journaliste Legendre subit des secousses sismiques dans sa vie personnelle et professionnelle. Au
Je crois que j’aurais préféré que l’auteur s’oublie, s’efface derrière son personnage de journaliste. Je ne l’ai pas senti assez emporté par son histoire. Pourtant l’habileté de raconter est présente et certaines envolées confirment un amour infini des mots. Par exemple, les descriptions de Montréal sous la neige m’ont frappée par leur justesse.
Si j’ai apprécié l’épisode « rédemption » c’est que celle-ci coïncide avec mes valeurs. Le parallèle de similitudes d'énergie entre ses deux « familles femmes », c'est audacieux, loin du cliché, mais j'ai dû fournir un effort pour y croire. Il y avait là de la matière (de la belle matière d’ailleurs !) à en faire tout un roman, mais diluée dans une spectaculaire enquête à puissantes retombées mondiales, une saveur saugrenue s'en dégage.
Une fois la couverture et la poussière retombée, j’ose conclure qu’il apparait difficile de vivre à fond son élan de romancier en se tenant si près de son vécu.
Un monde mort comme la lune – Michel Jean. Libre Expression. 254 p.