En VOD (et uniquement... Enfin, je l'espère) : Un film qui se termine par une réplique comme "Reviens, je t'ai préparé des haricots !" ne peut être foncièrement mauvais. J'en ai eu la preuve hier soir en regardant le Far Cry de Uwe Boll. Le réalisateur allemand, fidèle à sa détestable manie, tente une nouvelle fois d'adapter un incontournable du jeu vidéo en pillant copieusement les poncifs du cinéma d'action hollywoodiens: un héros fatigué et invincible, un méchant cruel et impassible, des sidekicks à l'humour dévastateur (quand ils n'ont pas le téton frétillant), des sbires aussi expressifs que Vin Diesel face à un plat de moules. Malheureusement, mais il est vrai que je m'y attendais, tous ces ingrédients ont été pervertis par un scénario écrit à la mitraillette, une production disposant du même budget que mon filleul à la boulangerie et une mise en scène dont la finesse germanique ferait pâlir Dolph Lundgren. La direction d'acteur n'est évidemment pas en reste...
Actors Studio
En roue libre, les acteurs essayent tant bien que mal de dissimuler leur désarroi face à des situations qu'ils ne comprennent pas et des dialogues où l'absurde répond à l'incohérent. Certains, le bastard Til Schweiger en tête, optent pour une lassitude affichée (il faut le voir vider ses bières d'un air goguenard en jetant de temps à autre un regard plein de compassion à la caméra), d'autres choisissent de jouer le jeu du n'importe quoi en jouant n'importe comment. L'acolyte du grand méchant, dont je tairais le nom par respect pour les membres de sa famille encore vivants, confond vraisemblablement inflexibilité et inexpressivité, cruauté et hystérie. La confrontation de l'outrance des uns à la désinvolture des autres n'est pas la moindre des sources de réjouissances du film. Car oui, Far Cry est drôle.
Lâcher prise…
Un telle incurie cinématographique aurait pu être pathétique s'il n'avait pas été si joyeusement stupide. Dés les premières séquences, je compris qu'il ne fallait pas chercher à comprendre l'incompréhensible, apprécier l'inappréciable. Il fallait simplement lâcher prise, accepter que les créatures issus des manipulations génétiques du maléfique doktor Krieger ne soient que des figurants recouverts de fond de teint blanchâtre, admettre que le héros aviné puisse se prendre une balle, coucher l'instant d'après avec une journaliste pas farouche et enfin botter le cul d'un troufion accoutré comme un skater débutant. Certes une telle disposition d'esprit demande des conditions propices (de la bière et des chips feront l'affaire) et un peu d'abnégation mais une fois prise quel soulagement ! J'en suis même venu à apprécier les trop rares touches d'humour amenées maladroitement par un dialoguiste vicieux, la running blague du film étant la note que la journaliste veut bien attribuer au héros après leurs ébats, loin d'être fougueux (faudrait pas que le film écope d'une quelconque interdiction), dans une bicoque sortie de nulle part.
Mon conseil : je le recommande. Uniquement aux amateurs naturellement.
Sentenza