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Le mélange explosif du religieux et du politique

Publié le 29 octobre 2009 par Samiahurst @samiahurst
Le mélange explosif du religieux et du politiqueLa votation de ce dimanche sur les minarets en Suisse comporte le risque d'un malentendu fondamental. Car elle mélange deux enjeux qui sont en fait très différents.
Le premier: l'ambivalence d'un grand nombre de personnes envers l'islam. On voit dans nos sociétés pluralistes, en lisant la presse et en regardant autour de soi, à la fois des personnes musulmanes qui vivent leur religion tranquillement de manière privée, et des personnes (elle sont plus présentes dans les journaux) dont l'intégrisme fait peur.
Le second: la place que nous voulons donner à la religion dans nos institutions et notre espace publique. Et en fait, le véritable enjeu est celui là et non le précédent.

La confusion entre ces deux enjeux est vite faite. D'autant plus qu'il y a actuellement plus d'exemples de pays musulmans théocratiques que d'exemples chrétiens. Il y a même une tentative, très critiquée, d'introduire une motion religieuse (l'interdiction du blasphème) dans la réglementation internationale.
Mais aussi facile soit-elle, cette confusion, il est pourtant crucial de l'éviter. Même si on est heureux de lire que les communautés chrétiennes de Turquie pratiquent librement, il faut bien se rendre compte que là n'est pas la question. Si ce n'était pas le cas, ce serait que la religion est mélangée à la politique...Et bien sûr ce ne serait pas un modèle à suivre. A aucun prix nous ne devons vouloir de cette structure sociale: l'Europe -et la Suisse- ont déjà payé au prix fort les dangers de ce mélange des genres.
Ce serait donc véritablement une catastrophe que l'initiative anti-minarets fasse un bon score. C'est d'autant plus important de le répéter que nos sociétés se trouvent dans ce qui ressemble bien à un tournant. Lors du sondage Eurobaromètre de 2005, seule 48% de la population suisse avait répondu qu'ils 'croyaient qu'il existe un Dieu'. Une minorité, donc. Ne pas se reconnaître dans l'appartenance religieuse, être incroyant, sceptique, agnostique, athée, peut aller de pair avec un souhait de voir le phénomène religieux régresser, ou devenir moins visible. Mais penser que l'initiative de dimanche va dans ce sens est un leurre. Le dessin de Mix et Remix qui illustre ce message exprime très bien (comme d'habitude d'ailleurs) le danger que pourrait représenter une 'alliance paradoxale' des laïques et des fondamentalistes.

Alors si vous faites partie des 10-20% de Suisses qui se déclarent athées ou agnostiques, ou de la proportion plus grande qui n'a simplement pas de croyance religieuse, ou ne s'est jamais sérieusement posé la question, il vous faut bien sûr voter contre cette initiative.
Car plus que deux visions religieuses différentes, c'est bel et bien deux visions différentes de la place de la religion dans la politique qui sont à contraster. Ne nous leurrons pas. L'initiative contre les minarets, en ciblant l'islam, revient en fait à inscrire la primauté du christianisme. C'est accepter un des ingrédient d'une religion d'état. Un pas que les dirigeants des théocraties du monde ne renieraient pas.

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