Le Grenelle de l'identité nationale

Alors que notre pays est en crise, que les déficits publics explosent comme jamais, que les scandales se multiplient au gouvernement (Frédéric Mitterrand, Jean Sarkozy), que les réformes à venir font polémiques (Taxe carbone, réorganisation de collectivités territoriales...), voici qu'Eric Besson décide de lancer un débat sur L'identité Nationale. C'est vrai quoi, les Français se posaient justement ce genre de question avec une ardeur à peine contenue. C'est quoi être Français ?
Sincèrement, si ce n'est pas une diversion, c'est bien imité !
Et puis, quand on initie ce genre de débats en suggérant que les petits Français devront chanter la Marseillaise régulièrement, on induit d'entrée la réponse : être Français, c'est chanter la Marseillaise. Au risque de décevoir certains, je ne chante JAMAIS la Marseillaise et je refuse de me lever quand on l'entonne autour de moi. Autant je comprends les circonstances guerrières qui ont présidé à sa naissance, j'aime plutôt le rythme de cet hymne, autant, je n'arrive pas à accepter "qu'un sang IMPUR abreuve nos sillons". Donc, je m'abstiens. Je n'ai nul envie qu'un sang, impur ou non, puisse abreuver quel que sillon que ce soit. Et puis, c'est quoi un sang impur ? Un sang pas français ?
Autant la question de l'identité nationale est une chose intéressante, voire passionnante quand elle est prise du point de vue historique ou sociologique, autant quand elle est abordée par les politiques, le sujet vire très vite au nauséabond. D'ailleurs, Marine Le Pen et le Front National ont demandé un Grenelle de l'identité nationale. Comme si on avait besoin de ça ! Mais rien que le fait que le FN s'empare du sujet avec gourmandise montre à quel point, cela nous entraîne dans des terres nauséeuses.
Car pour le FN et les racistes, il y a les bons et les mauvais Français et l'identité nationale, ce sont les bons Français. Voilà le fonds de leur pensée. Alors que du point de vue sociologique, l'identité nationale fluctue au gré de sa population qu'elle soit française de souche (plus ou moins ancienne) ou issue de l'immigration. Aujourd'hui, l'identité nationale est aussi composée de musulmans, de juifs, et d'autres religions encore plus exotiques, mais également de gens qui refusent d'intégrer une religion. L'identité nationale, ce sont des blancs majoritaires, mais des non-blancs qui apportent à la nation leurs différences. L'identité nationale, c'est aussi Zinédine Zidane, musulman d'origine algérienne et kabyle que Lizarazu, le catholique basque ou Lilian Thuram le noir antillais.
Et une fois qu'on aura discuté de cette identité nationale, monsieur Besson, qu'est-ce que cela nous apportera, si ce n'est des détours dans des divagations racistes, xénophobes de certains de nos concitoyens sympathisants (ou non) du FN ?
Vraiment, monsieur Besson, pour complaire à sa majesté Nicolas Sarkozy et empêcher que les électeurs du Front National qui avait voté UMP à la présidentielle retournent au bercail, n'y avait-il pas d'autres moyens ?
Et le pire, c'est que le triste sire fait semblant de se draper dans des habits républicains et respectables, le même gus qui renvoient les Afghans dans un pays en guerre en faisant semblant de croire que la sécurité y règne.
Dominik