J’ai consacré plusieurs articles pour montrer l’impact de Twitter sur le Box Office : la circulation instantanée de l’information se prête à merveille au bouche à oreilles sur le cinéma, et on a vu cet été des films faits ou défaits par des vagues de gazouillis. Depuis peu, les candidats aux Oscars 2010 se lancent eux aussi sur les réseaux sociaux – Twitter, Facebook, Myspace – , avec pour objectif de convaincre pas seulement les futurs spectateurs, mais les membres de l’Académie.
On peut le lire dans cet article de Variety, l’acteur/réalisateur Américain Tyler Perry fait campagne auprès de ses 50 000 followers pour soutenir le film Precious. Le réalisateur du documentaire We Live in Public s’est mis à Twitter lors du festival de Sundance, et sa réalisation a été mentionnée par les deux stars les plus suivies, Ashton Kutcher et Demi Moore – 6 millions de followers à eux deux – , ce qui a généré plus de 40 000 visions de la bande-annonce. Enfin, pour promouvoir la performance de Sam Rockwell dans Moon, son réalisateur Duncan Jones a lancé une pétition accompagnée de grosses incitations à voter via Twitter.
Hollywood est donc de plus en plus actif sur le web, afin de faire pencher la balance en faveur de leur chouchou aux Oscars. Mais cela va-t-il avoir une vraie influence au moment du vote ? Sur les quelques milliers de votants, peu sont connectés sur les réseaux sociaux. Mais dans une compétition où chaque vote compte, tout est bon à prendre, d’autant que cette année avec cinq nominés supplémentaires, les écarts seront mathématiquement beaucoup plus réduits.
Une des théories sur la réussite d’une start-up ou d’un service innovant stipule que se bâtir une communauté solide autour de son produit est un facteur déterminant du succès. Ce à quoi on assiste autour de ces quelques films peut s’apparenter à la construction de cette communauté, menée par quelques influenceurs d’Hollywood – les plus web connectés – et garantissant deux choses aux films concernés. Premièrement, un bruit de fond qui résonnera dans les oreilles des votants au moment où leur bulletin partira, bruit d’autant plus audible que la communauté est importante. Ensuite, trivialement, l’affluence en salle de tous ceux qui soutiennent le film, et qui pour la plupart ne l’ont pas vu, tous les gens comme vous et moi qui écoutent aveuglément les recommandations de tel acteur ou réalisateur. Personnellement, si Michel Gondry me twittait qu’il est impensable de ne pas aller voir le dernier Jeunet, je réserverais ma place sur le champ.
Rien ne prouve l’impact de ces quelques mots sur les réseaux sociaux, même s’ils sont – peut-être – annonciateurs de futures web-batailes rangées aux cérémonies suivantes. Mais vu le prix du tweet, il serait dommage de se priver d’une chance de plus d’accéder à la consécration suprême.