Les polémiques qui se succèdent attestent d’un fossé grandissant entre les élites, ou du moins qui se considèrent comme telles, et de l’autre la grande masse des français anonymes. Illustration avec le débat qui s’est tenu hier dans l’émission “On refait le monde“ sur RTL à propos du rapport de la Cour des comptes sur les dépenses de l’Etat dans le cadre de la présidence Française de l’UE. “On aborde un sujet un peu populiste” prévient l’animateur-journaliste Christophe Hondelatte .
Alors que le rapport de la Cour des comptes , commandé par le Sénat épingle sans ménagement l’exécutif, les invités n’y voient rien à dire. “Pas si grave” au vu des résultats pour Hervé Chabalier (CAPA). Même son de cloche pour Alain Duhamel qui juge la polémique “minable” au regard des avancées obtenues pendant la présidence française.
Alexis Brezet (Le Figaro) va beaucoup plus loin. “On se fiche de nous“. “Le problème c’est l’administration. Comme d’habitude l’administration a dépensé trop d’argent, elle a fait tout trop tard, trop mal, en catastrophe. C’est ça le service public et, dans La Poste, c’est pareil.”
Etrange moment où celui qui est supposé dénoncer le populisme en enfourche les chevaux. Quelques minutes plus tard, après l’intervention d‘Anne-Sophie Mercier (Charlie hebdo) qui trente timidement de faire remarquer que tout de même,l es procédures financières n’ont pas été respectées, le rédacteur en chef du Figaro magazine en remet une louche. ” Ce n’est pas parce qu’on n’a pas pris soin de ne pas respecter les règles, c’est que l’administration c’est toujours le bazar. C’est toujours comme ça. Comme d’habitude ils ont fait des trucs au dernier moment, que c’est pas leur argent et qu’effectivement, une entreprise privée aurait organisé ça, ça aurait coûté moins cher. Ca c’est sur. Ca été la pagaille parce que c’est toujours comme ça l’administration“. Et de conclure : “Cest une histoire de cornecul”.
Ouf. Quelle charge. Heureusement qu’Hervé Chabalier à l’énoncé du sujet avait parlé d’une polémique de bistrot. Les polémistes d’un soir se sont juste trompés de côté de comptoir. La ligne de défense ou plutôt d’attaque adopté par le représentant du Figaro s’affranchi opportunément d’une vérité simple. Selon l’article 20 de la constitution le gouvernement dirige l’administration.
La notion de responsabilité si chère à Nicolas Sarkozy doit trouver en l’espèce matière à s’appliquer. Si dérapage il y a eu, c’est à l’exécutif dans son ensemble et aux ministres concernés de rendre compte. Pas aux lampistes anonymes.
En tout état de cause, on ne peut pas considérer comme indécent le fait que les contribuables soient attentifs et exigeants sur la façon dont est dépensé de l’argent public même et surtout lorsqu’il s’agit du train de vie de l’Etat. Sauf à y voir un crime de lèse-majesté ou à admettre que nous sommes dans une république bananière.