Initiée par les étudiants de la Haas Business School de Berkeley, la Global Social Venture Competition (GSVC) est une compétition mondiale relayée en Europe, Afrique et Moyen-Orient par l’ESSEC et la LBS. Elle vise à sélectionner les meilleurs projets marchands à impact social portés par des étudiants de business school ou jeunes diplômés. A la clef, une finale francophone à l’ESSEC le 1er février, une finale anglophone à LBS le 5 mars et une finale mondiale à Berkeley le 22 avril : tout cela offrant à terme des bourses aux finalistes jusqu’à 25 000 $ et une renommée internationale pour des projets qui font sens. Pour participer c’est ici. Encore des doutes sur votre participation ? Quoi de mieux qu’une brillante participante pour vous en parler et vous convaincre? Laissons donc la parole à Anne Roos Weil, CPI 2007 et finaliste mondiale 2009 de la GSVC.
Avant de nous parler de la GSVC, peux-tu nous rappeler en quoi consiste ton projet ?
Pesinet est un service de détection et de prise en charge médicale précoce, visant à prévenir les complications de maladies bénignes, responsables de la grande majorité des décès des jeunes enfants en Afrique.
Grâce à l’utilisation des technologies mobiles et au travail d’agents de santé recrutés localement qui vont à la rencontre des familles pour recueillir et transmettre chaque semaine au médecin via le réseau mobile des données sanitaires simples sur la santé des enfants (poids, diarrhée, toux, fièvre, vomissements), Pesinet incite les familles à se rendre chez le médecin dès les premiers signes de maladies.
Ce service de prévention simple coûte moins d’un euro par mois et par enfant et inclut l’examen de santé hebdomadaire par l’agent, le suivi médical distant, la consultation médicale gratuite en cas d’anomalie détectée par le médecin local et l’accès à des médicaments à moitié prix.
Pesinet a été conçu sur un mode marchand pour amener un changement durable dans la situation sanitaire des populations à faibles revenus et permettre également de contribuer au développement socio-économique en créant des emplois localement.
Pourquoi as-tu décidé de participer à la GSVC ?
Nous avons fondé l’association Pesinet avec Pierre Carpentier et Antoine de Clerck à la suite de six mois de travail dans le cadre du programme d’Open-Innovation CPI (Création d’un Produit Innovant)
En tant que co-fondatrice de l’association et membre du bureau, j’étais impliquée dans la conception et la mise en œuvre du programme au Mali depuis déjà deux ans, de manière bénévole. J’avais eu l’occasion de me convaincre que sans un porteur de projet à temps plein, Pesinet resterait au stade de « la bonne idée » et que les promesses sociales du service auraient du mal à se concrétiser sur le terrain. J’ai vu dans la GSVC une occasion de faire passer notre projet au stade suivant, de formaliser de façon claire notre idée, son modèle opératoire et économique et de me donner les moyens de me lancer à temps plein dans la gestion et le développement du programme.
Quels ont été les temps forts de la compétition que tu retiens ?
Il y en a eu plusieurs. Le premier, dans l’ordre chronologique, c’est sans doute la finale France. C’est vraiment là que je me suis rendue compte du niveau d’exigence que je devais me donner dans la formalisation du projet, pour envisager son développement sur des bases saines et robustes. J’en étais encore très loin à ce stade de la compétition et ça m’a donné un sacré coup de boost !
Ensuite, le long tunnel qui a précédé la finale européenne à Londres. J’avais un boulot à temps plein par ailleurs. Et moins de 20 jours pour monter un business plan solide, intégrant des nouveaux axes de développement et une modélisation économique à très grande échelle. Donc concrètement, il a fallu rendre les nuits et les WE extensifs. Je me suis retrouvée dans une espèce d’état second où je vivais Pesinet !
Et la finale, bien sûr, à Berkeley. On est partis à trois : Antoine de Clerck (co-fondateur) et Jean-Claude Charlet (mon coach pour la GSVC). J’avais découvert Berkeley et la GSVC deux ans auparavant lors d’un voyage d’étude de la Chaire Entrepreneuriat social et pour moi, c’était assez fou de me dire que je passais de la place d’observateur dans le public à celle de participant à la finale mondiale, devant un jury impressionnant. On a eu un entraînement de choc par Jean-Claude pour la présentation orale, et finalement, au moment fatidique, c’était beaucoup plus de bonheur que d’angoisse.
Que t’a apporté la GSVC ? En quoi la compétition a eu un impact sur ton projet aujourd’hui ?
Comme je l’ai dit, principalement une exigence et une rigueur dans la formalisation du projet sans lesquels je n’aurais pas pu ensuite obtenir du comité d’investissement d’Antropia le fonds d’amorçage philanthropique qui me permet aujourd’hui d’être à temps plein sur le projet.
GSVC c’est le bon alibi pour faire enfin ce qu’on a tendance à laisser de côté quand on est le nez dans son projet : prendre la hauteur nécessaire pour avoir une vue plus objective de son projet, de son environnement, de son positionnement, de ses faiblesses, de ses atouts.
GSVC c’est aussi l’occasion de rencontrer à chaque étape des experts de l’entrepreneuriat social, des investisseurs, des entreprises qui vous donnent un retour constructif pour faire avancer le projet.
A un niveau plus personnel, j’ai surtout appris de cette expérience quelque chose de fondamental : le salut vient de la capacité à rassembler et motiver du monde autour du projet car tout seul on est bien peu de chose. J’ai parlé du projet dans tous les sens et à tous types de personnes pour recueillir des données, des avis, des conseils. Et, pendant toute la compétition, j’ai eu la chance inouïe de trouver des gens disposés à me prêter bénévolement main forte et sacrifier aussi leurs nuits ! Sans eux, je n’y serais jamais arrivée.
Moi qui étais un peu réfractaire au « réseautage », j’ai appris de la GSVC ce que cela voulait vraiment dire et pouvait apporter à un projet. Et aujourd’hui c’est mon plus grand conseil : n’attendez pas que tout fonctionne très bien pour en parler autour de vous, allez parler aux gens, écoutez ce qu’ils ont à vous dire, c’est essentiel pour mettre à l’épreuve son projet et le construire.
En 2 mots, pourquoi postuler à la GSVC ?
San Francisco. Ca fait deux mots ?
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