Critique en avant-première : Esther (par Jango)

Synopsis :
Après avoir perdu l'enfant qu'elle attendait, la fragile Kate voit ressurgir les douloureux souvenirs d'un passé qu'elle préférerait oublier.
Hantée par des cauchemars récurrents, et décidée à retrouver une vie de couple équilibrée, elle fait le choix, avec son compagnon John, d'adopter un enfant. A l'orphelinat voisin, Kate et John se sentent étrangement attirés par une fillette, Ether.
Mais Kate ne tarde pas à découvrir la face cachée de la " douce " enfant. Autour d'elle, personne n'a rien remarqué, et nul ne semble partager ses doutes et ses inquiétudes...

Critique :
Attention, grosse grosse gifle que ce « Esther ». L’erreur serait de penser qu’il s’agit là d’un Nième film avec une méchante gamine comme pourrait le laisser suggérer l’affiche. Réalisé par le jeune Jaume Collet-Serra à qui l’on doit notamment l’efficace La Maison de Cire, Esther est également produit par Joel Silver et Leonardo Di Caprio ce qui permet de lui accorder film un crédit certains, même chez les plus réticents.
L’affiche ne ment pas. Il y a quelque chose qui ne va pas chez Esther. D’entrée de jeu, le réalisateur nous confronte à une scène cauchemardesque d’accouchement qui permet d’instaurer un climat de stress brutal, et pose les bases de l’histoire de cette famille quasi modèle. Pour faire face aux démons du passés, Kate et John décident d’adopter leur 3e enfant. C’est la rencontre avec Esther, petite fille d'origine Russe au regard noir et au look gothico Burtonnien. Avec ses couettes et ses rubans, Esther est la petite fille modèle souriante curieuse….et profondément tarée.
L’histoire d’Esther fait immédiatement penser au film Joshua (lui aussi excellent) où un enfant paranoïaque vivait très mal l’arrivée de sa petite sœur et allait progressivement détruire le cocon familial. Il est assez intéressant d’ailleurs de voir que Vera Farmiga écope ici du même rôle que dans Joshua, celui de la mère fragile dont son environnement s’éloigne pour cause de folie alors qu’elle est la seule à voir la vraie nature des choses. Mise à l’écart par son mari qui ne la croit plus, elle va devenir la proie facile de la jeune Esther dont les macabres motivations restent mystérieuses pendant une bonne partie du métrage.

A la différence du film Joshua où l’action se déroulait dans l’Upper East Side de New York (les quartiers huppés) et donc avec une certaine classe, Esther se la joue beaucoup plus trash dès le départ, ne reculant devant aucune limite grand guignolesque et ce pour notre plus grand plaisir. La manipulation est efficace, la tension palpable de bout en bout et quand s’entame la seconde moitié du film, les nœuds au ventre apparaissent pour ne plus s'en aller.
Avec son reveal malsain et incalculable, totalement improbable mais pourtant pas impossible (ce qui confère d’autant plus au film ce coté démoniaque), Esther est d’une efficacité dévastatrice, une vraie grosse baffe comme on voudrait en voir plus souvent bref, une vrai réussite !
Ne souffrant d’aucune longueur malgré sa durée, le film est porté par ses 3 acteurs phares, Vera Farmiga, Peter Sarsgaard mais aussi et surtout par la toute jeune Isabelle Furhman flippante au début et carrément effrayante et sadique à la fin.
Avec Esther, Jaume Collet-Serra montre son habilité à maîtriser les codes du genre et à les transcender pour obtenir une véritable petite bombe. On doit la sortie de ce film en France à l’incroyable succès rencontré aux USA (près de 40 millions de dollars de recette) alors que le budget frôlait le ridicule. J’espère que l’engouement sera également présent en France.
En toute sincérité, le film ne vaut pas 4 étoiles mais l'efficacité est telle qu'il m'est, actuellement, difficile de mettre moins
Prêt pour le dernier grand frisson 2009 ? Oui ? Alors rendez-vous le 30 décembre prochain !
Par contre un conseil : ne regardez pas la bande-annonce qui dévoile bien trop de choses...

Sortie officielle française : 30 décembre 2009