J’ai donc reçu un commentaire très intéressant de la personne du pôle emploi passée dans l’émission Cactus et dont je parlais dimanche. J’ai aimé la franchise de sa réponse et sa vision presque « clinique » de sa situation. On n’est pas dans le pathos mais bien dans l’expression argumentée d’une souffrance.
Mon écoute de l’émission a été sélective car je n’ai pas vu la fin de l’interview (j’ai été appelé avant la fin). J’ai donc raté certains points. Je suis par ailleurs d’accord pour dire que le format de l’émission ne permet pas d’exprimer pleinement sa pensée, d’autant que l’on est interrompu sans cesse par des intervenants connaissant toutes les ficelles de l’exercice et orientant les questions. Le jeu est donc biaisé.
Cette situation me touche car j’ai eu à faire il y a quelques années des choix. Je travaillais dans le secteur commercial dans une entreprise dure, où le management par la peur était la norme. J’ai vu des types se faire allumer en réunion ou par email à cause de ventes qui ne surperformaient pas assez les objectifs (sic). Je me souviens de ces matins où m’a pas envie de venir au boulot parce que l’on sait que ce sera peut être votre tour de vous faire allumer. A l’époque, je ne m’étais pas posé de questions, j’avais posé ma démission. Parce que l’on ne peut pas rester dans un environnement véhiculant des valeurs qui ne vous correspondent pas. Pour les démarches, je prenais sur mon week-end, en semaine après des journées dures moralement, il est impossible de faire autre chose.
Finalement, ce que je ne comprends pas, c’est l’acharnement de certains salariés à rester envers et contre tout dans des environnements délétères. Comportement qui encourage le système qui se voit ainsi légitimé. Il y a la peur du lendemain, la psychose du chômage, entretenue par les media et les élites et qui permet de faire accepter n’importe quoi. Oser demander un minimum de respect devient parfois un crime de lèse majesté. Alors les employés, les cadres aussi, serrent les dents et parfois explosent. Parfois, la fuite est la seule solution, en France, on a l’impression qu’elle est impossible.
Je suis également d’accord pour dire que ce pays est étouffant, qu’il corsète les employeurs mais aussi les employés de règles imbéciles. Le simple fait de démissionner engendre un formalisme parfois pénible, avec un préavis représentant un frein à la mobilité (3 mois pour un cadre !). Et je ne parle pas de l’hypocrisie consistant à annoncer zéro licenciement tout en pratiquant le harcèlement moral à vaste échelle. Evidemment, ça coûte moins cher pour l’employeur. Le malaise au travail vient aussi de cette absence totale de perspective, de la sensation que rien n’est possible, à moins d’avoir de solides appuis (l’exemple vient d’en haut).
Voilà donc quelques remarques complémentaires, sûrement incomplètes et qui méritent complément.
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