Comme mon métier serait agréable si je pouvais avoir à lire des mots aussi bien mis en musique que ceux que Muriel Barbery fait danser dans son livre « L’élégance du hérisson ». Satire sociale sur les a priori (faciès, culture, pouvoirs… j’adore) et petit traité philosophique, c’est un régal à lire que cette ode à l’intelligence du cœur.
En même temps c’est un petit peu énervant…
Quand on ferme ce livre qui prône le goût de vivre et le goût de lire, d’abord on se sent tout petit (et on n’ose plus rien écrire). Et ensuite on a un peu de mal à retourner au travail et à se montrer accueillant envers les offres de candidatures qui nous attendent. Et pourquoi cela me direz-vous ?
Parce que j’en ai MARRE DES LETTRES DE MOTIVATION TOUTES FAITES, des « copier-coller » piqués dans le énième guide de recherche d’emploi ! Des phrases toutes pareilles, qui ne donnent aucune indication sur leur auteur et qui ne peuvent pas sortir du lot ! C’est d’une infinie tristesse et d’un profond ennui !
Depuis quelques jours déjà, je tiens des comptes pour vous donner une idée de ce qu’on reçoit, en tant que recruteurs, comme lettres personnalisées (parce qu’on les lit, si, si !). Et bien, vous allez être surpris mais sur la base de 100 réponses à une offre d’emploi, seulement… 12 montrent que les auteurs ont réellement lu l’annonce, et qu’ils ont pris la peine de réfléchir pour exprimer leurs points forts ou leur motivation pour le projet cité.
A partir de là, si on doit encore sélectionner en raison de l’orthographe (ma tension monte ;-)), de la présentation ou du style (oui je sais, Muriel Barbery, je rêve…), c’est l’hécatombe…
Bien sûr, il faut être honnête, quand les postes qu’Elaee recrute sont du domaine de l’écrit (Chef de projet éditorial, Editeur, Directeur de rédaction, etc.), j’ai l’occasion de lire de jolies surprises et cela remonte la moyenne.
Bon allez j’arrête parce que sinon, vous aurez beau jeu de critiquer mes propres écrits. Vous aurez bien raison et ce sera bien fait pour moi ;-)
Pour ceux que ça intéresse, le résumé de « L’élégance du Hérisson » :
'Je m'appelle Renée, j'ai 54 ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette,j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.'
'Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans,j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.'