Auteur Fumio Niwa
Genre Nouvelle
Première publication 1947
Édition lue Folio 2 €
Pages 101
Mon évaluation ***
Chose promise, chose due! Je relève le défi lancé par Cynthia de manière un peu plus 'honnête' et fais par la même occasion diminuer ma graaaande pile de livres à 2 € à lire (ben oui quand j'en vois, je ne peux pas m'empêcher de les acheter!).
En résumé
Dans le Japon d'après-guerre, Fumio Niwa dépeint d'une plume féroce et exacerbée l'histoire d'une famille condamnée à supporter la présence d'une grand-mère acariâtre, impotente et cleptomane.
Lorsque Senko, la plus riche des 3 petites filles de l'aïeule, se voit confier la charge de loger la grand-mère, son mari ne supporte que quelques semaines la situation. Le couple décide alors de renvoyer la vieille chez Sachiko, la plus pauvre des petites filles, qui a été relogée avec sa famille dans une partie de maison à la campagne suite à la guerre. La plus jeune des sœurs, Ruriko, sera chargée de l'amener à destination en la transportant sur son dos, comme un sac.
Mon avis
Dès
les premières lignes de la nouvelle, Fumio Niwa donne le ton : que le
lecteur n'attende pas de lui qu'il prenne des baguettes pincettes pour
raconter cette histoire! Le voilà propulsé, la nuit, dans une maison
japonaise, dont le respectable propriétaire se rend au petit coin. Une
voix calme et tremblotante s'élève dans la nuit : 'Qui est-ce?'. La
question, d'apparence banale, déclenche la colère de l'homme qui
invective la vieille... et le lecteur de se prendre de pitié pour cette
pauvre femme.
Le malaise du lecteur s'accroît au fil des pages, lorsque, pour se débarrasser de la vieille, on la transporte comme un sac, sans souci pour les douleurs qu'elle éprouve de se voir ainsi malmenée...
Et pourtant, lorsqu'elle débarque chez Sachiko et son mari, qui tout pauvres qu'ils sont, s'acquittent de leur devoir filial, la vieille change de visage. De persécutée, elle devient persécutrice, au point qu'on se demande de quel côté est le bien et où se trouve la morale.
Un texte féroce, qui fait beaucoup réfléchir sur notre façon de traiter les personnages âgées mais aussi sur les ravages de la vieillesse et le choc des générations, et sourire aussi...
- Grand-mère, vous tiendrez jusqu'à 90 ans!
- 90 ans?!? Elle va encore vivre 5 ou 6 ans! Non, je ne le supporterai jamais. Nous seront morts avant.