Créée en 2003, Forest People est parmi les premières marques de beauté à allier le bien-être au bio, à l'écolo et à l'équitable. La petite entreprise travaille avec des producteurs locaux d’Amazonie, de Madagascar, du Maroc et du Burkina Faso à qui elle assure des revenus. Ses produits, à l’image glamour et branchée, sont certifiés Nature et Progrès. Et ça marche ! Depuis 2003, le chiffre d’affaires progresse de 25 à 30 % par an. Rencontre avec Isabelle Trunkowski, co-fondatrice de Forest People.
Quelles sont les raisons qui poussent une anthropologue et un psychosociologue à faire des produits de beauté bio ?
Les raisons datent d’un voyage autour du monde fait avec mon mari, Jérémie Deravin (à l’époque consultant) avant que je ne fasse ma thèse d’anthropologie. Nous nous sommes arrêtés six mois en Asie du Sud Est où nous avons réalisé qu’il y avait des savoir-faire ancestraux menacés de disparition faute de débouchés économiques. Les gens ne transmettaient plus ceux-ci car ils ne leur rapportaient pas de revenus vitaux. L’idée a mûri pendant un an ou deux et nous avons fini par nous lancer. En 2001, nous avons établi un partenariat avec les communautés de La Flona Do Tapajos en Amazonie brésilienne pour leur production en huile végétale issue de cueillette sauvage. Suivi en 2002 par un partenariat avec une coopérative de femmes au Maroc pour l’huile d’argan et en 2003 avec le Madagascar (huiles essentielles) et le Burkina Faso (karité). La même année, la gamme de beauté Forest People est officiellement née.
Comment travaillez-vous avec ces coopératives ?
Nous travaillons dans chaque pays avec un interlocuteur privilégié qui est chargé de surveiller la production. A la réception des lots en France, les tests de qualité sont effectués par le CNRS pour les huiles essentielles et Dermscan pour les huiles nouvelles. Nous effectuons en effet des recherches pour trouver des huiles encore inédites en France. Nous achetons aux producteurs 5 à 10 fois le prix local. Ainsi, sur 100 euros, 10 euros leur sont reversés. Cela paraît peu, mais il faut savoir que sur 100 euros, 5 euros sont consacrés au transport, 15 euros à la TVA, 40 euros reviennent aux détaillants et enfin 30 euros restent à Forest People.
Vos produits ont un look très branché, quels sont vos best-sellers ?
Dès le début, nous avions envie de casser l’image surannée des produits bio. Nous avons choisi un packaging moderne en alu brossé alors que nos produits sont des transpositions de recettes anciennes, ancestrales et naturelles. J’aime ce contraste entre le contenu et l’emballage, jouer le chaud et le froid. J’avais envie de quelque chose de joli et de glamour. La mise en flacon (recyclable) et l’étiquetage sont sous-traités à un CAT près de nos locaux de 80 m2 à La Varenne Saint-Hilaire. Spécificité de nos produits : nous travaillons sans eau. A la place, nous avons 100 % de principes actifs. Et bien entendu, nous n'utilisons aucun conservateur et autres composants chimiques : nous répondons aux exigences du label Nature et Progrès. Nous sommes très fiers d’avoir eu cinq de nos produits classés dans le « Palmarès 2007 des Cosmétiques » de Laurence Wittner (éditions Leduc.s), dont notre Crème de jour au jasmin (3e sur 47), notre soin de nuit anti-âge au géranium (3e sur 56), et notre après-soleil (mention spéciale). Notre New Skin Lotion contre l’acné et notre huile anti-stress à base d’argan marchent très bien aussi.
Avez-vous quelques recettes à partager ?
Dans 50 ml d’huile d’argan alimentaire, ajoutez quelques gouttes d’huile essentielle de géranium rosat. Appliquez sur cheveux mouillés, laissez poser 10 minutes et lavez avec votre shampoing. Cheveux éclatants assurés.
Comment travaillez-vous avec votre mari ?
Je m’occupe de la partie cosmétique de Forest People. Lui s'occupe davantage de l'association Cœur de Forêt dont il a la charge. Grâce au financement de partenaires privés (des entreprises françaises) et à la contribution de Forest People, celle-ci permet de replanter des arbres, soit un produit acheté = un arbre planté. L’association cherche des terrains, les assainit et laisse ensuite les populations locales s'en occuper pour en tirer parti. Par exemple, certains y extraient les huiles que Forest People leur rachète. Ainsi, la boucle est bouclée.