Une cigale qui jazze au Swing café

Par Vanessav
J’étais déjà conquise rien qu’à lire la quatrième de couverture alléchante : ce fabuleux Carl NORAC s’associant à une créatrice de bel univers, Rébecca DAUTREMER. Carl NORAC nous propose une découverte du jazz. Oui des extraits de grands standards du jazz se faufilent ça et là et nous mettent en joie, oui la voix de Jeanne BALIBAR offre un défilement doux, rythmé, elle est à la fois nonchalante, chaloupée et très séduisante.

Mais… et surtout, ce sont les mots de NORAC qui me portent. Une cigale chanteuse, zazou, veut partir en Amérique mêler sa voix aux musiques jazzies. Nous la suivons dans ses pensées et ses rencontres. Une aventure d’insectes dans le monde des hommes jusqu’à un café, le Swing café, milieu des musiciens.


Je suis sous le charme, de cette histoire pouvant s’adresser aux plus jeunes par une lecture souple mais aussi pour tous ces détails, ces approches, ces accroches. Des indices d’entomologiste, une finesse des situations et de caractères typés et des moments de vie à la musicalité enfin perceptible.

Les métaphores scintillent, les jeux de mots apportent une touche de poésie supplémentaire : « A la batterie, la seule abeille qui a horreur des fleurs. Quand elle frappe, l’air est fouetté. Après, c’est du miel. » Le parfum d’une cigale, le vol d’un insecte, la danse entre les gouttes d’eau ou encore ce Chinatown sous la pluie et ces nouilles comme des serpents mous. J’en redemande, je mets en boucle, je dévore, note et continue à m’émerveiller à chaque lecture/écoute. Oh oui ces extraits mis à propos au rythme fou, ce phrasé anglophone parfois qui interpellent. Une leçon de swing, une leçon de chose aussi. « « Piano édenté, pour jouer une note sur deux. » C’est bien assez. Un piano pour moi toute seule. Je ne sais pas jouer. »

Et puis il y a ces illustrations. Rébecca DAUTREMER sublime le texte. Là les insectes ressemblent à des humains et ce sont les humains, qui eux ressemblent à des fantômes de papier. Le monde est onirique même si la chaleur, la tristesse, la misère ou l’ambiance chaude d’une musique de jazz se dégagent. Une ombrelle de doryphore, un chapeau fleuri que j’aimerais porter etc…. Les teintes sont sombres, presque feutrées, de celles que l’on rencontre dans un café mal éclairé, des couleurs chaudes, presque couleurs café et des collages de photos d'époque… j’aime beaucoup, comme un rappel aussi aux couleurs de peau chocolats des premiers jazz(wo)mans.

Nous en ressortons avec des rythmes, des intonations et des sonorités, phonologies plein la tête. L'interview de Carl NORAC et de Rébecca DAUTREMER vous donnera peut-être encore plus envie. Vous n'aviez pas encore la volonté de vous jeter dessus... allez, allez l'atterrissage est bien doux!