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Certains navires amiraux embarquent les commentateurs par charters. Personne n'envisage raisonnablement de lire ces milliers de commentaires des sites généralistes qui se semblent se suivre comme les voyageurs dans un couloir de métro à l'heure de pointe. Ils peuvent proférer des idioties éclairées au néon - pour particulièrement éclairées, elles ne sont pas forcément lumineuses - la rame suivante les entraînera après la fermeture des portières.
Le commerce de détail a un avantage, chaque client est connu ; le jour où un pèlerin d'une espèce résolument nouvelle fait son son apparition dans la boutique, tous les regards tombent sur lui. Imaginons qu'il se mette à hurler tel un misérable, insultant chacune des boîtes de conserve. Quelques minutes s'écoulent, le silence ne tarde pas à reprendre ses droits. Le doux chant de la bouilloire se fait entendre dans l'arrière-boutique .
Il semble qu'entre les deux existe une catégorie d'estaminets suffisamment fréquentés. Les graffitis écrits sur la porte des toilettes agacent. Les habitués en pétard, chauffés à blanc par le verre en trop, incommodent la clientèle. Parfois, c'est un trente-cinq tonnes roulant à pleine vitesse qui vient s'encastrer dans la salle à manger. Le patron rédige alors sa charte des commentaires .
"Donnez-moi une pelle et une balayette, qu'on en finisse avec eux !" Quelques coups de marteau, le patron recule de quelques pas en essayant de ne pas trébucher dans les gravats. Il se gratte le menton. Heureusement, le juke-box fonctionne encore.
image : transformation à partir de l'orignal