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Mon père n'est pas mort à Venise

Par Liliba

Sophie POIRIER

coeur

venise

Un grand bonheur, quand on est blogueur, est de recevoir des livres dans sa boite aux lettres. Livres voyageurs dont on a entendu parler sur des blog-amis et qui viennent faire un court séjour chez nous, afin de continuer le partage, livres offerts par les éditeurs, livres gagnés au fil de concours ou de jeux, et parfois aussi livres envoyés directement par l'auteur lui-même, avec lequel on a eu quelques contacts et qui veut nous faire plaisir et nous faire découvrir son nouvel ouvrage.

Alors, bien sûr, oui, ça fait plaisir. Mais, dans le même temps, me voilà parfois toute intimidée face au livre. Autant j'arrive à donner un avis pertinent et tout à fait indépendant de diverses pressions quand il s'agit d'un ouvrage prêté ou d'un livre envoyé par un éditeur, je ne me sens pas liée à l'expéditeur par un quelconque lien et reste donc libre de faire une critique négative si je n'ai pas aimé ma lecture, autant, face à un livre envoyé par l'auteur lui-même... c'est plus délicat, j'ai peur de vexer, de faire de la peine, je me dis que c'est facile de critiquer et que moi, pour l'instant, je n'ai toujours rien publié et que je ne serais certainement pas capable de faire aussi bien, bref l'affectif entre en ligne de compte et je repousse ma lecture...

C'est ainsi que cela s'est passé pour le deuxième livre de Sophie Poirier (que vous pouvez retrouver dans la blogosphère sous le nom de Ficelle) qu'elle m'a fait parvenir par l'intermédiaire de son éditeur au début de l'été, que j'avais ouvert, feuilleté un peu, reposé, repris, re-reposé... J'avais beaucoup aimé son premier roman La libraire a aimé, que Sophie avait déjà eu la gentillesse de m'offrir et j'avais peur non seulement de ne pas aimer ce deuxième livre mais peur également, si je ne l'aimais pas, de devoir le dire, puisque que je me suis jurée d'être honnête sur ce blog et de donner réellement mon avis. Je n'avais pas envie d'être dans la position de faire de la peine à Sophie, de la critiquer... Et puis ce fameux deuxième livre, l'auteur qu'on attend au tournant... Je ne voulais pas être celle qui allait dire qu'elle était déçue... Dilemme... Le temps a donc passé... Et puis, honteuse, j'ai enfin ouvert Mon père n'est pas mort à Venise...

Et j'ai aimé ! (ouf !). Merci, donc chère Sophie pour ta confiance et surtout merci pour cette jolie histoire. J'ai beaucoup aimé suivre cette femme qui fouille dans le passé de son père, qui cherche à comprendre, à canaliser l'angoisse, à répondre aux questions non formulées. J'ai également retrouvé avec grand plaisir ton écriture fine et sensible, mais plus maîtrisée, plus construite que dans ton premier ouvrage. On sent que tu as mûri, grandi et je pourrais même dire que par ce livre, on comprend tout de suite qu'on a à faire à un vrai écrivain, et non pas à une jeune femme qui aurait juste eu le coup de bol d'être choisie pour un premier ouvrage, et qu'un seul. J'ai trouvé dans cet ouvrage un humour qui répond tout à fait à ce que j'aime, j'ai souvent souri ; j'ai aimé cette femme et les mouvements et bruits des trains, j'ai adoré le détective, et la fin est si belle...

Bref, un très beau moment de lecture ! Merci encore  Sophie ! Et pour le 3ème livre que tu écriras, je n'attendrai pas 3 mois avant de l'ouvrir, promis !

Le site de l'éditeur ANA Editions. Vous y trouverez le résumé du livre (oui, cette fois-ci, je change la formule, pas de 4ème de couv. ni de résumé, ni de notes de lecture...) et quelques critiques intéressantes. Et si vous voulez rire, allez donc vous régaler de l'interview imaginaire de l'auteur sur son blog, on s'y croirait !

"Ni les barrages, ni les camouflages d'aucune sorte ne peuvent empêcher l'idée de faire son chemin. Telle La Princesse au petit pois, malgré les épaisseurs, elle sentait sur sa peau la marque se faire, à l'endroit du corps où ça gène. Minuscule excroissance qui réveille la nuit, qui envahit les rêves, qui devient une obsession.

Parce que certaines découvertes, certaines expériences, des détails parfois, s'étirent jusqu'à devenir des immensités dans la tête, indéboulonnables.

Parce qu'on ne choisit pas ce qui s'oublie".

" Son père lui avait appris qu'il fallait être libre, ne pas faire de concessions, le moins possible. Que l'égoïsme était la plus belle des qualités, que la passion valait cent fois le quotidien merdique, qu'on aimait à la folie plusieurs fois dans une vie, que la fidélité était un concept judéo-chrétien, que le nihilisme avait le mérite de rendre le présent vif et précieux, à saisir."

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