De la naissance à la mort, le parfum, entre usage sacré et profane, ponctue et marque les différentes étapes de la vie et les rituels du passage des marocains.
Même si aujourd'hui les noms des grandes marques dominent partout le marché des cosmétiques au Maroc, les parfums traditionnellement utilisés par les marocains continuent à être d'usage avec une spécificité marocaine.
La tradition des parfums au Maroc puise son inspiration dans la flore et les fragrances locales enrichies des influences venues d'orient et d'Andalousie. Le parfum au Maroc est tout un art de vivre.
Pour son exposition sur l'art de se parfumer au Maroc, Abderrazzak Benchaâbane, le Musée nomade en association avec Dar Bellarj ont choisi le titre "Parfums du Maroc, un art de vivre" : un art de vivre que ces deux institutions n'ont cessé de défendre à travers diverses expositions et autres manifestations culturelles et qu'Abderrazzak Benchaâbane a concrétisé par sa première création "Jardin Majorelle" crée sur les encouragements d'Yves saint Laurent en 2002. D'autres parfums sont venus enrichir le répertoire du parfumeur depuis ses premières tentatives en 1999 mais Abderrazzak Benchaâbane n'a pas oublié qu'il doit toute son éducation olfactive à l'art des parfums qui se perpétuait et se transmettait dans les familles chaque année à l'occasion la floraison des rosiers de et des orangers de la ville ocre et des vergers environnants. Ainsi, chaque famille qui possédait un alambic distillait son eau de rose et de fleur d'oranger et en distribuait aux autres membres de la famille, aux voisins et aux amis.
Au Maroc, dans chaque famille, des femmes expertes avaient l'habitude de préparer tout le nécessaire pour les soins de la peau et des cheveux. Elles détenaient le secret de vielles recettes pour les soins du corps à partir d'huiles essentielles, herbes aromatiques, argile, savon noir et d'autres fragrances d'origine végétale et animale.
C'est dans les patios des maisons que les femmes s'adonnaient à la préparation des recettes de beauté et à la distillation des eaux de fleurs d'oranger et de rose à l'aide des alambics que les familles possédaient. Cela ne manquait pas de marquer la mémoire visuelle olfactive des enfants. De cet univers se dégageaient des senteurs de myrte, de pétales de rose, de fleurs d'oranger, de Ghassoul (argile grise), de graine de Harmel (Peganum harmala), de clous de girofle, de citron vert, d'écorce de grenadier…Ces patios parfumés se transformaient, comme par magie, pour les enfants en jardins enchanteurs.
Parfums du Maroc, un art de vivre
Outre les alambics en cuivre, les familles possédaient et collectionnaient de précieux aspersoirs, amphores en verre soufflés, encensoirs et divers objets pour conserver et présenter les parfums maison. Les encens, le Khoul pour les yeux, la Toutia utilisée comme talque étaient précieusement conservés dans des boites en bois ou en métal. Tout un artisanat à Fès et à Marrakech était voué la fabrication des accessoires pour les parfums.
Pour l'exposition "Parfums du Maroc, un art de vivre", les organisateurs ont réunit le savoir faire de plusieurs spécialistes et ont recueillit auprès de plusieurs familles les traditions et les recettes qui utilisaient dans leurs préparations des aromates. Ils ont, pour la même occasion, constitué une collection d'objets liés au parfum, aux soins du corps et à la beauté. Une autre collection constituée de spécimens de plantes aromatiques, d'épices, de résines et de minéraux utilisés dans l'art du parfum au Maroc donne un aperçu des ressources naturelles utilisées pour se parfumer et soigner la peau.
L'exposition se compose d'un véritable musée éphémère des parfums et d'une autre section qui associe l'aspect documentaire et didactique sur les plantes aromatiques à l'aspect ludique et éducatif. Le public est invité par une série de jeux et d'ateliers à découvrir l'univers secret des parfums.
En choisissant les locaux de la fondation Dar Bellarj à Marrakech pour montrer cette exposition, les organisateurs ont voulu d'abord pour cette exposition un lieu authentique et représentatif des maisons de la médina de Marrakech. Des maisons transformées en cours des merveilles par leurs habitants quand les femmes distillaient l'eau de rose et de fleurs d'oranger ou préparaient des recettes pour le hamam ou les soins des cheveux. Des maisons où l'art des parfums du Maroc se transmettait de mères en filles. Rappelons que Dar Bellarj, restauré avec respect par ses fondateurs Zusane Biderman et Max Eliot en 1999 avait consacré sa première exposition aux "Senteurs et couleurs du Maroc".
Outre l'exposition, Parfums du Maroc un art de vivre est un événement qui pendant toute la durée de l'exposition donnera la parole aux spécialistes de la parfumerie et au bien être au Maroc. Les organisateurs ont conçu un programme d'ateliers pour enfants et adultes, des visites guidées, des concerts de Malhoun, des conférences sur l'aromathérapie, la création des parfums au Maroc, les essences naturelles dans les soins du corps et les cheveux, les parfums dans les rites de passage ainsi que leur usage sacré par les confréries.
L'artiste Nadia Ouriachi Conejo invite par ailleurs le public à découvrir son univers floral à travers ses toiles et une installation.
Des ateliers ouverts aux enfants et aux adultes et animés par des professionnels ouvriront au public l'univers enchanteurs de l'élaboration des parfums.
A l'occasion de cette exposition, chaque mois, les organisateurs donneront carte blanche à des artistes plasticiens qui créeront des tapis parfumés faits d'épices et de plantes odorantes. Des créations où les couleurs et les formes exalteront les senteurs des plantes.
Communiqué - Diffusion Media Express