Magazine Politique
Dominique de Villepin vient en quelques semaines de montrer que le web pouvait changer la donne.
Joe Trippi, ancien manager de la campagne Internet d'Howard Dean, a introduit une nouvelle distinction entre les campagnes " open source " par opposition aux campagnes traditionnelles organisées selon les modes hiérarchiques classiques.
Dès 2004, il a défini la " nouvelle campagne de communication" qui présente six caractéristiques :
- Elle intègre Internet comme un outil de communication à part entière au même titre que les journaux, la radio, la télévision.
- Internet est une source d'informations avec une double vocation : savoir et comprendre. Ce dernier volet (comprendre) a beaucoup quitté les média traditionnels qui montrent mais qui expliquent de moins en moins. Par conséquent, sur Internet, il importe de développer ce besoin d'explications.
- Internet est un support de synthèse inégalable. Il conjugue l'écrit, l'image, l'image activée et le son.
- Parce qu'il est un support d'informations à part entière, Internet suppose une démarche cohérente, professionnelle à l'exemple des précautions prises dans la gestion des relations avec les autres médias.
- Parce qu'Internet est perçu à ce jour comme une source alternative d'informations, le ton et les animations doivent conserver des caractéristiques propres à ce support sans se fondre dans les coutumes des autres médias.
- Le facteur clef tient à l'actualisation fréquente des contenus. La logique " live " doit être assumée à fond.
Internet sera à la prochaine campagne 2012 ce que la télévision a été aux campagnes du début des années 60 où des surprises électorales considérables sont nées de cette révolution à l'exemple de la percée de Lecanuet à cette époque impossible sans la TV.
Pour 2012, il est déjà possible de prévoir une campagne répondant aux caractéristiques suivantes.
M. Paul est un électeur. Il est 18 heures. Il rentre chez lui après sa journée de travail. Il est intéressé par la campagne électorale.
Il sait qu'en allumant son PC et en se connectant sur le site Internet de Dominique de Villepin, il va vivre un nouvel épisode de campagne.
De la " télé-réalité " en live pendant une dizaine de minutes. Il clique sur le film du jour (style caméra à l'épaule, une réalisation facile et peu onéreuse) qui le place aux côtés du candidat dans ses visites sur le terrain, qui lui donne les extraits des interventions lors de la dernière réunion publique, qui le met en première place dans les coulisses et sans "effet de cour".
Avec le lien Facebook, il voit défiler toutes les prochaines étapes avec le plan détaillé pour s'y rendre.
Bien davantage, avec un support technique sécurisé pour éviter les mentions prédatrices et grâce à une équipe de modérateurs, il peut transmettre ses propositions pour les thèmes qui lui tiennent à coeur.
M. Paul sait que dans deux jours Dominique de Villepin se rend dans une entreprise que M. Paul connait bien. Il propose un bref détour et soumet une proposition de contenu.
Ce jour là, il s'organise pour avoir à portée de main son mobile et suivra presque en direct la tournée et pourra vérifier si sa suggestion a été suivie.
Avec son mobile, il payera sa cotisation à la campagne. Bien davantage, avec le support Blurb ou Lulu, il construit son livre personnalisé de campagne mélangeant les photos de l'équipe de campagne avec les siennes dont ses propres commentaires qu'il va promouvoir auprès de son réseau direct.
Il va communiquer à l'équipe de campagne la liste des adresses mails de ses contacts avec leurs centres d'intérêts précis par groupe. Le candidat va leur envoyer ses propositions propres aux centres d'intérêts de chacun.
Voilà quelques exemples parmi beaucoup d'autres de la probable prochaine campagne.
La véritable novation, c'est qu'il n'y aura plus une campagne mais 150 000 campagnes car la spécificité de l'open source c'est de faire vivre la diversité. Le vainqueur sera celui qui acceptera cette nouvelle culture et qui l'assumera pendant la campagne.
Face à cette "armée" si elle est mobilisée, quel parti politique peut résister ?
La guerilla 2.0 ne fait que commencer.