15 ans, obsédée par la danse hip-hop et par le rap, virée de l'école et à peine récupérable par les services sociaux, en conflit ouvert et permanent avec le monde des adultes et surtout sa mère, voire le monde tout court, ses copines, les gitans, sa petite soeur... Mia a du mal à se sentir exister. Elle existe dans le squatt de son immeuble en dansant jusqu'à épuisement, en picolant seule, en insultant sa mère qui le lui rend tout autant. Fish Tank est en effet le film idéal pour remettre son lexique de slang* à jour. Jamais autant entendu de "bitch", "dick", "count", "slot" à toutes les fins de phrases.
Tranche de vie prolétaire prise sur le vif, ou plutôt coupée à vif dans le lard, pas seulement. La réalisatrice, Andrea Arnold, si elle marche dans les pas du grand Ken Loach, qu'elle sait pouvoir approcher voire côtoyer sans jamais dépasser, a l'intelligence de faire entrer des bouffées de poésie dans son film. Ne serait-ce que par cette façon magnifique de filmer la jeune Mia, caméra à l’épaule qui ne quitte pas son héroïne d’une semelle, qui saisit sa rage en direct, qui se fait sensuelle dans le toucher de la robe d’un cheval, qui capture les souffles, qui fabrique de faux ralentis pour souligner un pause, un respiration, un émoi.
Fish Tank, c’est l’aquarium dans lequel nous sommes et contre lequel vient butter Mia, aveuglée par le dehors, possédée par ses illusions et prisonnière de murs de verre ou d'une cité en béton. Fish Tank, c'est aussi le lac paisible d'où le poisson pêché sera tué pour rien, pour personne, pour le chien.
Un beau film sur l'impossibilité d'exister, sur l'éventualité d'aimer et de grandir, en milieu hostile, arrosé de généreuses doses de tendresse, de sourires voire de rires, de California Dreaming, d'un bon lot de trahisons et de déceptions, mais surtout de survie.
Fish Tank bande-annonce
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*argot en anglaisMes Petites Fables