L’autre jour alors que je flânais sur les Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux qui ne suscitent le plus souvent qu’enthousiasme délirant ou condamnation puritaine, que, d’un œil un peu dévasté par une trop grande proximité avec le 13,3 pouces, je regardais les mises à jour se faire, aidées par une touche F5 frénétiquement pressée, me fournissant, comme en perfusion, ma dose d’informations à mâchouiller et parfois recracher, je tombe sur ce documentaire qu’un de mes bons amis – un vrai, IRL je veux dire - met en ligne.
L’Île aux fleurs donc, le film en question, est un court métrage brésilien d’une douzaine de minutes réalisé il y a vingt ans et visiblement considéré comme culte.On y apprend, en gros, que le commerce mondial n’est qu’une construction composite de règles absurdes débouchant sur un monde où les hommes valent moins que les porcs – Oh merde, j’ai raconté la fin.
L’Argent pourrit tout ma bonne dame et où est passé l’homme dans tout ça, etc. etc.En somme, comme leçons d’économie ça ne vaut pas tripette et, malgré un ton décalé pas complètement désagréable, n’est pas grand-chose d’autre que de la propagande ordinaire.
Jusque là, rien que de très banal, j’ai déjà bouffé plus que mon comptant de ce genre de productions culturelles, m’en suis agacé plus d’une fois et ai déjà sûrement trop écrit à ce propos.
Car, oui, je sens bien que je me répète…J’aurais donc du oublier ce film et me concentrer vers d’autres choses, mais, sans doute l’effet d’un plus fort vouloir dans mon vouloir, j’ai commis l’erreur de lire les commentaires laissés sous le film et m’échauffer au point de taper ces quelques mots dans un énième soupir agacé.
Mais enfin, voici donc ce que quelques admirateurs ont cru bon d’écrire :
« Tout est vrai dans ce court métrage si bien réalisé... si on pouvait le passer dans toutes les écoles, collèges et lycées du monde, on se rendrait compte que l'humain, par ses actes, réduits d'autres humains à la misère... »« La pédagogie à l'état pur. »
« Je suis prof (de sciences physiques) en lycée en Seine Saint Denis et je passe ce court métrage à tous mes élèves depuis des années. »
« Découvert pendant un cours d’éco, comme quoi certains profs passent des choses intéressantes a leurs élèves ... »
« Eh oh, le ministère de l'éducation, c'est à mettre dans les cours !!!!! »
« Super court que j'avais eu la chance de voir quand j'étais au collège. »
« J'ai vu ce court-métrage la première fois en cours, et je le retrouve maintenant avec plaisir. »
« Ce court métrage devrait faire partie intégrante du programme social dans les écoles. »
Me comprenez-vous mieux ?
J’ai beau savoir que ce genre de scribouilleur n’est en rien représentatif de la majorité, que des gens ayant vu ce film aient comme première idée d’en faire un incontournable du programme scolaire et, mieux, que des professeurs se soient déjà acquittés de cette mission d’utilité publique considérant donc qu’une certaine pauvreté informative n’était que de peu d’importance devant la justesse de l’indignation fabriquée, tout cela me laisse pantois.Au premier tiers du film, il nous est dit que l’Eglise Catholique avait jadis interdit le profit. Je suppose que certains le regrettent mais il n’en reste pas moins que c’est parfaitement faux. Ce que l’Eglise proscrivit, c’est le prêt à intérêt. Interdiction d’ailleurs heureusement contournable (via achat et promesse de rachat à prix supérieur).
Mais cette référence nostalgique à l’Eglise est amusante car il y a fort à parier que les commentateurs cités plus haut sont des gens de gauche, très certainement attachés à l’héritage laïque et à la légende des hussards noirs, mais qui, par leurs propos trahissent finalement un goût prononcé pour une approche très catéchétique de l’enseignement scolaire.Et la prochaine fois, vraiment, something completely different.