La Lettre de Henry FLOCH :

Par Le Petit Docteur

"Ma bien chère Lucie, Quand cette lettre te parviendra, je serai mort fusillé.
Voici pourquoi : Le 27 novembre, vers 5 heures du soir, après un violent bombardement de deux heures, dans une tranchée de première ligne, et alors que nous finissions la soupe, des Allemands se sont amenés dans la tranchée, m'ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J'ai profité d'un moment de bousculade pour m'échapper des mains des Allemands, J'ai suivi mes camarades, et ensuite, j'ai été accusé d'abandon de poste en présence de l'ennemi.
Nous sommes passés vingt-quatre hier soir au Conseil de Guerre.
Six ont été condamnés à mort dont moi. Je ne suis pas plus coupable que les autres, mais il faut un exemple.
Mon portefeuille te parviendra et ce qu'il y a dedans. Je te fais mes derniers adieux à la hâte, les larmes aux yeux, l'âme en peine. Je te demande à genoux humblement pardon pour toute la peine que je vais te causer et l'embarras dans lequel je vais te mettre.
Ma petite Lucie, encore une fois, pardon.
Je vais me confesser à l'instant, et espère te revoir dans un monde meilleur.
Je meurs innocent du crime d'abandon de poste qui m'est reproché.
Si au lieu de m'échapper des Allemands, j'étais resté prisonnier, j'aurais encore la. vie sauve.
C'est la fatalité.
Ma dernière pensée, à toi, jusqu'au bout.
Henry Floch"

Cette lettre a été écrite par le Caporal Henry FLOCH du 298e R.I. de Roanne qui fut fusillé par l'armée française le 4 décembre 1914 après une parodie de procès, pour l'exemple, avec cinq autres soldats, aux motifs de "désertion et d'abandon de poste à l'ennemi".
C'étaient un des "Martyrs de Vingré". Il a été réhabilité le 29 Janvier 1921.
(Photo: 1917 - Exécution à Verdun lors des mutineries.Bibliothèque Nationale).
Pourquoi ne pas avoir choisi cette lettre là, Monsieur Guaino ?
Mauvais cadrage ?
Elle ne colle pas ?
Où s'arrête la célébration historique et où commence l'instrumentalisation ?
Article "Effacement de l'histoire et culte mémoriel" du Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire.
Ps : la lettre de Henry FLOCH est extraite de "Paroles de poilus : Lettres et carnets du front, 1914-1918" édité par Librio et vendu 2 euros.