le voile du sommeil (hidjab al-naoum)
Heure après heure il attend à la porte du jour,
préparant ses instruments magiques
pour laver le visage de la ville en l’anesthésiant.
Il réunit les corps et révèle leur solitude tandis que les murs tombent.
Le sommeil se charge de recueillir sous le noir manteau l’assassin et la victime.
Le sommeil est silence, une mort en sursis.
Le sommeil est le fruit mystérieux et rare de la nuit.
Le sommeil est une errance sans entraves au royaume de l’inconscient.
Le sommeil tient dans la main un couteau pareil à un miroir
pour retirer le voile des mensonges
qui se volatilisent devant nous
comme les baisers ou les résolutions
pour une nouvelle année.
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le voile du corps (hidjab al-djasad)
un voyageur qui part sur les rails de l’esprit
vers un quai où des wagons furent jadis renversés,
qui mène tranquillement à la scène d’un drame.
Le corps est un chasseur différent
et la proie un prétexte.
Mais les corps ont aussi une architecture neuve
avec des toits, parois, fenêtres singuliers.
Les corps sont des métaux que dégage le mercure du temps
et de l’acte d’amour.
Ceux-ci montrent l’or faux
et dans ces moments
le corps voyage dans le train de la conscience
… dans son seul chasseur.
Amal Al-Jubouri, extraits de Voiles, traduction Jean-René Lassalle avec la traduction allemande et une assistance pour le texte arabe.
Contribution de Jean-René Lassalle.