« Ce qu’il aura fallu de temps pour que je me convertisse à Verlaine, combien d’errances, d’errements, de ciels perdus, de pluies, de larmes avant que le vieil Ardennais d’exil me rende à ma terre d’enfance. »
Le nom de Verlaine, il le rencontre à trois moments clés de sa vie. A onze ans, un nouvel élève nommé Verlaine, l’évince de son rôle de gardien de but. Il en perd toute sa popularité auprès de son public essentiellement composé de filles. Il en perd aussi sa petite fiancée et il mettra plus de trente ans à se remettre de cette blessure d’amour-propre se fermant ainsi du même coup l’accès à l’œuvre du poète homonyme !
« Je restais sourd à la chanson douce et triste du « Pauvre Lélian », emporté que j’étais comme une coque de noix dans le sillage tonitruant du « Bateau ivre»…C’est ainsi que je fis entrer Rimbaud tout vif et bouillant dans ma mémoire, reléguant pour longtemps le pauvre Verlaine à la portion congrue des manuels scolaires. »
La deuxième coïncidence fut son mariage avec une jeune fille habitant à Bertrix, une petite ville belge, dans la rue même où naquit et vécut Nicolas-Auguste Verlaine, le père du poète.
Enfin la troisième rencontre qui aurait pu être fatale fut son accident de voiture sur une autoroute des Ardennes alors qu’il rentrait définitivement chez lui. Sur le panneau de signalisation qui bloquait sa portière il lut : VERLAINE,1500 m. Dès lors il a rassemblé toutes les informations concernant Verlaine et pendant plusieurs années il a parcouru tous les chemins de son enfance.
Le reste du livre est le récit très sommaire de son parcours sur les pas du poète désormais retrouvé.
« J’en aurai chanté, moi aussi, des vers sur la route pendant ces trois années de compagnonnage intérieur et presque physique avec Verlaine. »
C’est la partie qui m’a le moins intéressée car je n’ai véritablement rien appris concernant la vie du poète que je ne sache déjà si ce n’est les circonstances très curieuses de sa naissance.
«Lorsque Paul survint dans cette famille après trois enfants mort-nés dont la mère avait pieusement conservé les fœtus dans des bocaux remplis d’esprit-de-vin, ce fut tout bonnement un miracle et on ne traîna pas à en remercier le ciel comme il faut. A peine Paul-Marie Verlaine baptisé, ses parents le consacraient à la sainte Vierge et à la couleur bleue."
C'est le premier livre de mon challenge folio 2 euros . Sans Cynthia qui en est à l'origine, je n'aurais très certainement jamais lu ce livre malgré mon grand amour pour les poèmes de Verlaine et je n'aurais pas perdu grand chose! C'est le genre de livres qui ne me semble pas indispensable sauf si on veut connaître davantage son auteur que l'on apprécie déjà.
L’auteur : Né en 1947, Guy Goffette a été enseignant, libraire, éditeur des cahiers de poésie Triangle et de L’Apprentypographe. Aujourd’hui, il travaille dans l’édition et vit à Paris. Poète et prosateur, il a publié une quinzaine de livres et a obtenu en 2001 le Grand Prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.
L’autre Verlaine de Guy Goffette (Folio, 2009, 100 pages)