Pas contents les Chinois ! Fâchés tout rouge les cocos bridés ! Normal, contrairement à l'autoproclamé "Pays des droits de l'Homme" - Vu à la télé - les Etats-Unis ont daigné la semaine dernière recevoir comme il se doit le Dalaï Lama. Le président Georges Bush et le Congrès américain ont offert une tribune et rendu un hommage au leader tibétain, dont le Parlement français et les locataires successifs de l'Elysée, dans leur grande pusillanimité, n'ont jamais cru bon de le gratifier. Il faut bien que parfois une bonne nouvelle nous arrive de la Maison Blanche. Du coup, les Chinois, irrités, ont convoqué illico presto l'ambassadeur des Etats-Unis pour lui faire part de leur courroux…
Quel rapport avec le sport me direz-vous ? Un seul, mais de taille. Bien que les publicitaires, dans les brumes de la coupe du monde de rugby, n'aient pas encore entamé le lavage de cerveau de circonstance, les Jeux olympiques d'été de 2008 se tiendront bien à Pékin dans quelques mois. Derrière la belle façade olympique, les stades sentant bon la peinture et les rues, où il sera exceptionnellement demandé au pékin moyen - désolé…- de ne pas cracher, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Comme lors du Mondial de football 1978 en Argentine, où des geôles les tortionnaires pouvaient œuvrer en paix encouragés par les clameurs du stade voisin, un voile pudique sera jeté le temps des compétitions sur un régime outrageusement nationaliste et dévoreur d'hommes.
Remarquez, entre demi-mondaines on se comprend. La fée olympique, qui a pris l'habitude depuis des décennies de se coucher contre une poignée de dollars, ne peut qu'être tolérante avec l'ancienne maison Mao, dictature communiste rompue aux règles du capitalisme, dès lors qu'elles permettent à sa nomenklatura de s'enrichir et à un impérialisme économique, dont pâtiront tôt ou tard les marchés internationaux, de tisser méthodiquement sa toile. Alors que la fête batte son plein ! Que l'on fasse sauter et danser les petits enfants pendant la cérémonie d'ouverture, dopés dès le biberon à l'idéal national ! Ceux-là au moins n'auront pas à trimer dans de sordides ateliers pour des fournisseurs collaborant sans scrupule avec les plus grandes marques locales ou occidentales. Le sort du Tibet, dont les Chinois ont tout de même repris l'un des symboles sur leurs produits dérivés, histoire de prouver à l'Occident qu'il n'y avait pour ce pays occupé aucun retour en arrière possible, n'entre guère dans le programme des festivités. À moins que le CIO n'en décide autrement. En permettant par exemple à Tenzin Gyatso, quatorzième Dalaï Lama et chef spirituel du bouddhisme tibétain, de porter sur quelques mètres la flamme olympique. Messager de la paix et de la non-violence, il a sans doute plus sa place au panthéon des JO que les dictateurs aux petits pieds de l'Empire du Milieu.