Ce soir avait lieu à l'Ecole la deuxième séance du Ciné Club, avec pour affiche l'homme à la caméra de Dziga Vertov.
Pour les incultes, et tous les autres il faut bien l'avouer, l'homme a la caméra est un chef d'œuvre documentaire, tourné en Russie à Odessa en 1929. C'est donc un film soviétique, muet, en noir et blanc, sans acteur, sans scénario, sans texte. Rien. Juste des images qui défilent les unes après les autres pendant 1h10.
Présenté comme ça, forcément, ça n'est pas vendeur. Mais.
Oui parce qu'il y a toujours un mais, sinon je ne vous en parlerai pas, déjà, et puis sinon il n'y a pas de suspens, pas de rebondissement, les lecteurs s'ennuient à mourir, bref, il n'y a plus personne à la fin de l'article, et j'écris dans le vide et...
Donc. L'homme à la caméra était ce soir présenté par Jean Pierre Touati, spécialiste de la question et du cinéaste, prof à la Femis et autre, et par une étudiante de l'Ecole. Ce qui aurait pu sembler long et tiré par les cheveux et un tantinet métaphysique... l'était. Mais pour une mordue d'histoire du cinéma comme moi, ça valait le coup. Largement.
Mais c'est le montage qui donne au film tout son intérêt. Fait avec les moyens du bord, c'est à dire une paire de ciseaux et un tube de colle, il n'en est pas moins très moderne : des séquences très courtes, s'enchainant avec une rapidité parfois déconcertante, des superpositions d'images, ... En bref, un film vraiment beau. A tel point qu'on en oublierait presque de regarder ce qu'elles montrent, la vie d'il y a 80 en Russie.
Lo, qui maintenant joue les dialogues devant le Roi et l'Oiseau