La série en cours "Piano et grands moments du sport" m'a donné des idées. Cette fois le mariage que nous allons faire concerne les beaux films et les slows langoureux. Avec un souvenir ému de cinéma et une bande son mentale qui produit chez moi de grands échos.
Commençons par James Gray et Two Lovers. Un film archétypique : un homme, deux femmes, deux visions de l'amour. C'est un film qui consacre l'amour contraint sur l'amour fou, le besoin d'être épaulé sur le besoin de fourrer. C'est un film où la délibération finale se fait au fond du gouffre, au creux de la dépression, à cette proximité du vide où le mieux que rien vaut tout l'or du monde. D'où l'ambiguïté bouleversante entre happy et sad ending, avec l'amour qui se confond avec le reconfort et le bien chez soi. C'est plan plan, un peu réac, mais surtout incroyablement beau et cruel. Les trois derniers plans sont vertigineux, Vinassa Shaw et Joaquim Phoenix dans les bras l'un de l'autre, elle qui ferme les yeux de soulagement et lui qui les garde ouverts, hagards, l'incertitude béante dans son incapacité à se laisser aller. Il n'a peut-être pas fait le bon choix mais c'était ou ça ou rien du tout.
Le plus insondable peut-être dans la mise en scène de James Gray est qu'il découle de cette forme de pragmatisme amoureux quelque chose d'étonnament romantique. Peut-être parce qu'aujourd'hui, rester sur place, surveiller ses arrières est devenu quelque chose de courageux. C'est l'acte de bravoure de ce taré de Joaquim Phoenix : être raisonable.
La vidéo suivante reprend une bonne partie des moments forts du film. En particulier les derniers plans dont je parle plus haut. Une chose cependant, coupez le plus vite possible la musique. Et mettez celle que je vous propose à la place, Open Up Your Door de Richard Hawley. Elle va à merveille.
Slow Motion by ABC_Africa