Magazine Culture
J’ai découvert Aviv Geffen un beau soir de l’année 2008, alors qu’il assurait la première partie d’un merveilleux concert solo de Brett Anderson, ex-leader du groupe Suede. Il était monté sur scène habillé et maquillé en noir, simplement accompagné d’une guitare et d’un mec aux claviers et aux programmations. Au milieu de ses jolies chansons mélancoliques, il nous avait expliqué qu’il était un chanteur très connu chez lui en Israël, qu’il s’apprêtait à sortir son premier album en langue anglaise (les précédents étant enregistrés en hébreu), et que cet album serait carrément produit par Trévor Horn, l’homme derrière les Buggles, Art of Noise ou Frankie Goes To Hollywood entre autres choses. Ah et il nous avait un peu parlé de son enfance qui visiblement n’avait pas été de tout repos. Renseignements pris par la suite, Aviv Geffen est un peu plus qu’un « chanteur très connu » en Israël, il est carrément la star n°1 du rock là-bas où il vend plus de disques que Coldplay. Dans les années 90, il a refusé de faire son service militaire, ce qui est un acte très fort dans le contexte géopolitique de la région, et il est devenu une sorte d’apôtre de la paix. Bon, pour être honnête, il me faut avouer que les artistes dégoulinants de bons sentiments ne sont en général pas franchement ma tasse de thé. Il faut dire qu’en général, « bons sentiments » signifie « tous aux abris, un nouvel album de Cali » (ou Benabar, ou Vincent Delerm, ou Pascal Obispo, ou Manu Chao, ou Grand Corps Malade…). Mais Aviv Geffen n’entre pas vraiment dans cette catégorie d’artistes bobos/bien pensants/donneurs de leçons. Au-delà du thème de la paix qui revient ici et là, ses chansons parlent surtout d’amour impossible et destructeur, de haine de soi, de blessures d’enfance, de mort et de suicide.