On parlait de séries historiques... mais ce weekend, Tenchijin n'a pas été ma seule série en costumes. D'ailleurs c'était intéressant de comparer les deux (quand mon cerveau fatigué ne les mélangeait pas, les décors étant, il faut le dire, parfaitement semblables).
Ooku, car c'est de cette série qu'il s'agit, a une longue histoire de présence à l'écran qui remonte à la fin des années 60. Vous comprendrez donc que je n'aie pu découvrir que la 5e et (actuelle) dernière saison. Le concept de la série (qui comme beaucoup de dorama à multiples saisons au Japon, ressemble plus à une franchise) est de se pencher uniquement sur la vie de palais de l'ère Tokugawa, pendant plusieurs périodes de cette époque. Plutôt que d'aborder les éternelles guerres, les conquêtes, etc... Ooku se préoccupe donc des intrigues de cour. Mais sans claustrophobie.
La saison 5 que j'ai donc découverte a pour sujet la cour de Tsunayoshi, un puissant qui n'est pas impuissant, si vous voyez ce que je veux dire. Ses appétits sexuels n'ont rien à envier à ceux de ce bon Henri VIII, de deux siècles son aîné, et comme lui, ce chaud lapin tire dans tous les coins de son palais, et au-delà. En plus d'une épouse (qui ne lui fait pas tellement usage si ce n'est à des fins de représentation), il a également une maîtresse officielle qui lui a donné un héritier (ne vous excitez pas, cette saison d'Ooku est de deux ans antérieure à The Tudors). Et puis, quand il se déplace chez ses vassaux, ils aime bien goûter aux spécialités locales, aussi.
Pendant que l'épouse bafouée au vu et au su de tous est amenée à fermer les yeux devant tous ces batifolages, la concubine et la mère du shogun Tsunayoshi sécurisent l'avenir du rejeton royal, et le roi continue de butiner un peu partout l'air de s'en battre le coquillard comme jamais.
Mais bien des choses vont changer au ooku, lorsque le roi commence à aller rendre visite à l'un de ses vassaux les plus soumis, Makino, au prétexte d'aller y jouer du no (elle a bon dos la culture...). Le soir venu, aaaaah, c'est pas tout ça mais j'irais bien me coucher, oui seigneur, vous prendrez bien une courtisane à emporter, le maître de maison présente donc au prince les plus belles filles de la région ; mais sa majesté n'ayant jamais réussi à la monter et la trouvant encore fraîche, il préfère plutôt l'épouse de son hôte Makino, pas tellement consentante donc qu'il viole séance tenante, là, comme ça ce qui est fait n'est plus à faire. Mais bon, comme le gars, il est un peu shogun si vous voulez, on ne peut rien lui dire, sauf si on a envie de voir sa tête séparée de son corps par une lame trop habile.
Alors, chaque fois que, poussé la passion du théâtre, le souverain pointe son... hm... nez, dans la demeure de Makino, l'épouse de celui-ci doit se plier à son caprice, contente ou pas c'est le même tarif. Sauf que l'humiliation la conduit finalement à se suicider. Notre shogun pas traumatisé pour un sou opte alors pour la solution de secours, et commence à faire de l'œil à la fille de Makino (moi je dis ya un truc freudien là-dessous), mais qu'est-ce qu'ils ont dans cette famille de si érotique ? Makino, tout vassal docile qu'il soit, a quand même un problème avec 1/ le fait que le shogun ait sauté sa femme 2/ le fait que sa femme se soit tuée à cause de lui 3/ un point de détail : sa fille est déjà mariée. Mais Tsunayoshi est d'une implacable logique : suffit qu'elle divorce. Pas con en effet, zut de zut. "Tiens pis, l'a qu'à venir vivre au ooku, pendant que j'y pense", ajoute le bon seigneur qui a de la suite dans les idées. On se doute qu'au bout d'un moment, le kilométrage juste pour s'envoyer en l'air, ça commençait à lui courir sur l'azuki.
Mais tout l'intérêt d'Ooku, c'est que la douce fille a comme des envies de vengeances maintenant qu'on a provoqué la mort de sa mère, le déshonneur de son père et accessoirement le divorce d'avec l'homme qu'elle aimait.
Voilà, Ooku c'est tout ça (et un peu plus), et franchement, avec les mêmes costumes et les mêmes décors que Tenchijin, on est dans une toute autre approche de la série historique, quand même. Le cast à majorité féminine, la lutte des classes, les intrigues de cour, les vengeances, les amours... on est dans quelque chose de plus romancé, plus proche, de la série dramatique que de la série purement historique. Limite soap. Et franchement c'est jouissif. Si j'arrive à mettre la main dessus, j'avoue que je ne serais pas contre l'idée de finir la saison. Voire, soyons fou, en aborder une autre si elle est du même acabit.
Oui, moi, la fille qui n'aime pas les fictions qui se passent dans le passé. C'est vous dire à quel point je me suis amusée.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche Ooku de SeriesLive.