L'Evangile de ce jour est un grand classique de la parabole et ce grand classique apparait comme le petit gramme de finesse dans cette année de brute.
Jésus disait à la foule: "A quoi le règne de Dieu est-il comparable, à quoi vais-je le comparer?
Il
est comparable à une graine de moutarde qu'un homme a jetée dans son
jardin. Elle a poussé, elle est devenue un arbre, et les oiseaux du
ciel ont fait leur nid dans ses branches. »
Il dit encore : « A quoi vais-je comparer le règne de Dieu ?
Il
est comparable à du levain qu'une femme enfouit dans trois grandes
mesures de farine, jusqu'à ce que toute la pâte ait levé. » (Luc 13, 18-21)
Lorsque nous regardons autour de nous, nous pourrions raisonnablement baisser les bras et nous dire que si la fin du monde n'est pas là, il faudrait peut-être qu'elle se dépêche d'arriver pour nous éviter de faire pire avant de voir le Seigneur !
Pourtant, au milieu des tentations et des égoïsmes, l'Evangile nous dit à juste titre qu'il suffit de peu de chose pour nous en sortir. Une graine de moutarde, un grain de senevé, un petit rien infinitésimal à partir duquel Dieu peut faire quelque chose.
Cette image, j'ai envie aujourd'hui de la proposer à Sting.
Sting n'est certainement pas une graine de moutarde. Ou si ce fils de laitier l'a peut-être été dans son enfance, son talent a rapidement émergé et nous l'avons reconnu. Avec The Police d'abord et ses tubes planétaires : Message in the Bottle, Every Breath You Take, Roxanne. Puis en carrière solo avec des chansons comme Russians qui ont marqué mon enfance. Dans chacune de ses compositions, son mélange de jazz, reggae et rock a fait mouche et cette mouche, nous sommes nombreux à l'avoir gobée.
Sting n'est pas non plus une graine de moutarde dans ses engagements. Ecologiste avant tout le monde, il a participé à la création de la Rainforest Foundation qui tente de préserver la forêt amazonienne et a su, humilité rare, reconnaitre ses erreurs et ses excès et passer la main à des professionnels.
Mais Sting est peut-être une graine de moutarde dans ses récents développements musicaux. Posé, en recherche d'harmonie et de paix, l'abeille tourne autour de la fleur, plante son dard et espère en faire une oeuvre transcendante. Son dernier album, "If On a Winter's Night..." va piocher chez Bach, Purcell ou la culture ancestrale galloise des chansons d'hiver qui nous poussent à retrouver le sens de l'existence.
La graine de moutarde excitée est devenue un arbre poétique.
Sting se déclare agnostique mais toute son évolution éclaire sa recherche et se teinte de respect des valeurs qu'il a reçues. Lorsqu'il avoue sa joie de jouer dans une cathédrale, il offre le témoignage d'un arbre qui est à quelques branches du bonheur.
Je me souviens avoir été ému à en avoir la chaire de poule un dimanche soir en 2007 devant Arte. Sting était assis sur une barrique et jouait un Prélude de Bach à la guitare. Alessandri Ferri dansait autour de lui, douce, élégante, gracieuse. L'arbre de Sting commençait déjà à pousser à me caresser.
Chacun de nous avons une graine. Nous grandissons et mûrissons. Demandons parfois à l'Esprit-Saint de nous l'ensoleiller et de brûler les mauvaises bactéries pour qu'elle devienne un arbre. Un arbre de joie, de foi, d'espérance et de charité.